IL NE FAUT PLUS dire centriste mais central. Les centristes ne parlent plus que de majorité « centrale », sans doute avec le vain espoir d’acquérir le statut de parti de gouvernement qu’ils ont perdu depuis fort longtemps. Encore faudrait-il qu’ils fussent unis au sein du même mouvement. Ce n’est pas le cas : ils sont dispersés en divers courants, avec le MoDem de François Bayrou, le Nouveau Centre d’Hervé Morin, la tendance Borloo, les radicaux de gauche, très clairement dans l’opposition. Pas nombreux, mais divisés, leur marche vers le pouvoir n’en est que plus laborieuse.
Cependant, on ne tiendra pas pour négligeable le score (presque 18 %) que M. Bayrou a fait en 2007 ; on retient aussi que le président du MoDem a été le premier à sonner le tocsin au sujet de la dette, dont la droite et la gauche partagent la responsabilité ; et on admettra sans réserves que la présidentielle se gagne au centre avec le concours de la majorité silencieuse. M. Bayrou a tiré la leçon du premier tour de 2007. Il a traversé le désert jusqu’au moment, à la fin de l’été dernier, où il est revenu en force dans le débat politique, avec, toutefois, des enquêtes d’opinion qui le situent à 7 %. Qui peut-il gêner ? Le candidat de la gauche, dont il a abondamment critiqué le programme ? Le candidat présumé de la droite, au sujet de qui il tient désormais des propos moins sévères? Il y a un mystère Bayrou : on ne sait pas vraiment de quel bois il est fait.
Hollande : mauvais début de campagne.
M. Bayrou pourrait reprendre à son compte la formule de Martin Luther King : « I have a dream ». Car il fait un rêve. Il rêve de bousculer Marine Le Pen et d’arriver deuxième au premier tour. Si Hollande mène le bal, le candidat du centre compte rallier à lui tous ceux qui auront voté Sarkozy au premier tour. Bien entendu, l’objectif semble largement hors de portée. Mais on ne sait jamais. Pourquoi le candidat socialiste à la présidence lui a-t-il proposé de « faire un choix » en faveur de la gauche après le premier tour, ce qui lui assurerait d’être « dans la majorité présidentielle » ?. On se perd en conjectures : avec son avance, M. Hollande ne semble pas avoir besoin, pour le moment, d’une force d’appoint ; et il répond trop aimablement aux attaques du président du MoDem. Il s’aliène en outre, pour autant qu’il y croie, le soutien éventuel de Jean-Luc Mélenchon.
HOLLANDE TROUVE EN BAYROU CE QU’IL N’ATTEND PLUS DES VERTS OU DE MÉLENCHON
La raison de cette ouverture en direction de M. Bayrou se situe probablement dans l’épisode plutôt calamiteux de l’accord conclu entre le PS et EELV. Il n’est pas impossible que M. Hollande ait nourri une grosse colère, qu’il ait conçu de cette affaire un ressentiment durable, qu’il se demande, non sans inquiétude, si les Verts sont des gens fiables, s’il ne doit pas, d’ores et déjà, chercher un autre partenariat. Parce que, au fond, Eva Joly ou Mélenchon, c’est la même surenchère, c’est le tsunami qui balaiera la normalité du président Hollande, son projet, les institutions et les formes qu’il respecte. C’est l’assaut décisif contre le système « qui nous a fait tant de mal ».
Bref, avec M. Bayrou, M. Hollande se sentirait plus à l’aise, sans compter qu’il ne lui déplaît pas d’informer ses amis écologistes si turbulents et M. Mélenchon que, s’ils continuent à le harceler, il finira par se passer d’eux. Le candidat socialiste a le défaut de son humanisme : ce n’est pas un tueur. Jadis champion de la synthèse et de la convergence des courants, il a constitué une équipe de campagne qui reflète toutes les tendances au sein du PS et, dans l’attribution des circonscriptions, il laisse Martine Aubry placer ses amis à son détriment. C’est terrible à dire, mais M. Hollande, s’il avait fait le choix d’une campagne fulgurante, s’il s’était départi de sa bonhomie, s’il avait moins de considération pour ses anciens rivaux (ou rivales) au sein du parti, aurait pu ajouter à sa victoire lors de la primaire la liquidation des aubryistes. Il aurait pu taire ses scrupules et agir en bolchevique, un peu comme un Sarkozy de gauche. Il aurait dû achever ses censeurs internes, comme Laurent Fabius ou Henri Emmanuelli. Il aurait dû écarter Arnaud Montebourg. Le seul fait que Benoît Hamon, qui vit dans une autre planète idéologique que M. Hollande, reste le porte-parole socialiste, traduit une faiblesse de M. Hollande.
C’est dans cette configuration, bien plus compliquée que ne le disent des sondages très favorables au candidat socialiste, qu’apparaît François Bayrou ; et que M. Hollande lui fait des avances, mais en pure perte. Le président du MoDem ne se prononcera en faveur du candidat de la gauche ou de celui de la droite que lorsqu’il aura été battu au premier tour. Le plus étrange, c’est que, en 2007, il est passé avec armes et bagages dans l’opposition à Sarkozy, sans en tirer le moindre proft, alors que, l’an prochain, il pourrait faire le choix inverse.
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