DEPUIS LE PREMIER JOUR du procès, L’ancien Premier ministre a multiplié les déclarations, d’abord pour dénoncer une comparution en justice due à « la volonté d’un seul homme, Nicolas Sarkozy », ensuite pour traiter par le mépris une procédure qui ne cherchait, selon lui, qu’à l’humilier, enfin pour critiquer, et avec quelle virulence, l’usage du mot « coupables » (à la place de « prévenus ») par le chef de l’État ainsi que le propos peut-être apocryphe au sujet des adversaires que M. Sarkozy voudrait « pendre à un croc de boucher ». Tout cela fait de la polémique mais n’a rien à voir avec le fond du problème.
Comme si l’affaire était jugée.
Il faut rendre justice à Dominique de Villepin sur au moins un point de droit : la plainte contre X déposée par M. Sarkozy représente un abus dans la mesure où lui-même n’a aucun compte à rendre à la justice tant qu’il occupe la magistrature suprême. Doublant de maladresse, M. Sarkozy s’est exprimé sur le sujet avec un esprit de vengeance qui ternit sa fonction. Ce qui ne signifie pas pour autant que la justice se serait abstenue de poursuivre les personnes impliquées dans l’affaire Clearstream. Dans le soutien apporté par les villepinistes à l’ancien chef du gouvernement, on n’aura perçu, lors du rassemblement du Club Villepin, mardi soir, à la maison de l’Amérique latine, à Paris, aucun doute quant à son innocence. Comme si l’affaire était jugée. Non seulement, elle ne l’est pas, mais elle n’est nullement négligeable. En falsifiant les listings de Clearstream, en retardant le jour où il fut publiquement admis qu’il s’agissait de faux, quelqu’un a voulu discréditer de nombreuses personnes, mais plus particulièrement Nicolas Sarkozy, dont on a tenté d’interrompre ou même d’arrêter la carrière politique. Si la supercherie avait réussi, les faussaires auraient pesé, ni plus ni moins, sur le processus électoral et disqualifié un homme qui, pourtant, a été effectivement élu président de la République.
CE QUI EST SUSPECT CHEZ VILLEPIN, C’EST SON RECOURS À LA POLITIQUE ET AUX GRANDES PHRASES POUR SE PROTÉGER
La longueur du procès, le foisonnement des débats et des plaidoiries n’ont pas apporté la preuve, matérielle et indiscutable, de la culpabilité de M. de Villepin. Mais au moins en trois moments du procès, il a été mis en difficulté, principalement par le général Rondot dont les notes ont été saisies par les enquêteurs. Chaque fois qu’il semblait acculé, l’ancien Premier ministre a riposté à sa manière désormais bien connue, c’est-à-dire par des dénégations enveloppées dans l’art oratoire. Mais c’était sa parole contre celle du général Rondot, pas du tout heureux de confondre un homme plus puissant que lui et auquel il devait obéissance lorsque M. de Villepin dirigeait le gouvernement. Il nous semble, et ce n’est qu’un avis, que si M. de Villepin était l’innocent qu’il prétend être, il ne serait pas abrité derrière son éloquence. Il aurait démontré de façon plus convaincante qu’il ne voulait pas porter préjudice à Nicolas Sarkozy par ces moyens-là. Il s’est contenté de dire qu’on ne pouvait le soupçonner d’un complot qu’il est, par son éducation, sa culture et son éthique supérieure, incapable de fomenter.
Il y a du vrai dans les propos des villepinistes quand ils disent qu’une condamnation pour mensonge par omission est impossible. Que la justice a besoin de preuves matérielles. Que le délit qu’on reproche à leur chef n’existe pas en droit français. Il demeure que la décision relève des seuls juges, susceptibles de déclarer coupable M. de Villepin si c’est leur intime conviction.
Non seulement Dominique de Villepin s’est comporté comme s’il avait été déjà blanchi et innocenté, mais il n’a pas perdu de temps pour se replacer dans un contexte politique marqué par la forte contestation que le président a soulevée dans son propre camp, et pour se présenter comme une alternative au sarkozysme. Il sera renforcé dans cette démarche s’il est effectivement relaxé en janvier et même s’il y a appel. Et il se lancera dans la campagne de la présidentielle de 2012. Il n’empêche qu’un club formé de quelques élus et de sympathisants n’est ni une foule ni une majorité. Pourtant, à partir de janvier, ce sera la seule voie possible pour Villepin. S’il est relaxé, la voie sera propice à une tentative ; s’il est condamné, il se servira de la politique pour assurer sa défense, comme il l’a fait jusqu’à présent. En d’autres termes, il parle d’alternative surtout pour se protéger personnellement, alors qu’il ne peut prouver son innocence et que le tribunal sera bien en peine de le déclarer coupable. On a beaucoup critiqué M. Sarkozy pour son ressentiment excessif, assorti de propos vindicatifs, on ne voit pas moins de rancur et de volonté de régler ses comptes chez Dominique de Villepin. À quoi il faut ajouter que cette guerre des chefs est désastreuse pour la droite : elle souffre d’une plaie béante au moment elle se moque des divisions de la gauche.
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