FRANÇOIS HOLLANDE est prêt à prendre Angela Merkel au mot au sujet de l’intégration politique et monétaire de la zone euro ; les trois axes de son plan sont croissance, stabilité financière et union monétaire. À Rome, il a rencontré Mario Monti, dont le parcours, d’abord fulgurant, s’est soudainement heurté au scepticisme des marchés. Tout à coup, les taux d’intérêt pour l’Italie se sont élevés à des niveaux insupportables. À quoi s’ajoutent les difficultés de l’Espagne, que les Européens ont secourue en mettant à sa disposition la somme énorme de cent milliards d’euros et surtout celles de la Grèce dont les élections, qui ont lieu hier, peuvent se solder par un retrait du pays de la zone euro.
Les plans les mieux conçus sont dépassés à chaque instant. La sévère doctrine allemande n’est pas convaincante, il est vrai, puisque son application n’a pas stabilisé l’Europe et qu’une trop grande austérité semble davantage accroître les dettes que les diminuer. Le Premier ministre germaniste, Jean-Marc Ayrault, assure tous les interlocuteurs que l’intention de la France n’est pas de couper les ponts avec l’Allemagne, et d’ailleurs, comment une telle position serait-elle possible, alors que, en dépit d’une crise tenace, les emprunts français bénéficient de taux encore très bas ? La visite de M. Hollande à Rome est tout à fait légitime, mais elle peut apparaître aux Allemands, furieux de ce que la France ait atténué grandement sa réforme des retaites, comme une tentative de renversement des alliances.
Une réunion le 22 juin.
En outre, M. Monti est tout sauf socialiste. Sa méthode, pour créer un peu de croissance, c’est la libéralisation de l’économie italienne, la fin des marchés captifs, le retour de la concurrence. Sonné par la méfiance des marchés, il réagit en prévoyant de nouvelles économies sur la dépense publique de l’ordre de 25 milliards d’euros, dans un pays auquel il a déjà imposé beaucoup de sacrifices et dont il s’apprête à vendre beaucoup d’actifs d’État pendant les cinq ans à venir.
IL EST TEMPS DE DONNER À L’EUROPE UN LEADER POLITIQUE
Ni M. Hollande ni M. Monti ne sont à proprement parler des adversaires de l’Allemagne. Mais le chef de l’État n’a pas envoyé à Mme Merkel un message très positif quand il a reçu à Paris trois membres de l’opposition socialiste allemande. Le 22 juin, une nouvelle réunion aura lieu à Rome entre M. Hollande, M. Monti, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, et la chancelière allemande. Ce sera sans doute la dernière grande concertation européenne avant le sommet européen des 28 et 29 juin. Le temps presse. Pas seulement à cause de la Grèce, que les élections d’hier ne sortiront pas nécessairement de l’ornière, mais parce que la France est observée de très près par les marchés : jusqu’à présent, le gouvernement de M. Ayrault n’a annoncé que de nouvelles dépenses et de nouveaux impôts. Il ne dit pas comment il va réduire la dépense publique. M. Hollande est donc sur le fil : sa force de persuasion, le leadership français, la capacité du président à mettre en pratique une politique européenne différente de celle de Nicolas Sarkozy, risquent d’être minés par un déséquilibre budgétaire qui va croissant.
François Hollande présente, certes, des idées qui méritent d’être examinées et même adoptées : séparer le sort des États de celui des banques ; donner à la Banque centrale européenne un rôle de surveillance des banques privées ; aller à marché forcée vers une intégration budgétaire (qui implique un rapprochement sensible des systèmes fiscaux). Il manque d’abord à la zone euro le consensus susceptible d’accomplir ces tâches herculéennes. Il lui manque ensuite un président européen de grande stature capable de mettre fin aux divergences entre Paris, Berlin et Athènes. L’époque où Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se donnaient un président européen soumis à leurs volontés, l’époque où ils prolongeaient le mandat d’un président de la Commission de Bruxelles contraint d’appliquer leurs idées, est révolue. Soit on élit un président de l’Europe doté de pouvoirs politiques, soit on nomme un commissaire européen du calibre de Jacques Delors. L’ancien président n’avait pas manqué, il y a dix ans, de souligner l’incohérence entre la création d’une monnaie européenne et l’absence d’une intégration économique et fiscale. Une erreur pour laquelle nous avons payé un prix incalculable.
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