CE N’EST PAS au milieu du désert qu’Antoine de Léoucour et Vincent Delory ont été enlevés mais dans un restaurant au cœur de Niamey. Il s’en est suivi une course folle vers la frontière avec le Mali. Accrochés une première fois par les forces franco-nigériennes, les terroristes ont exécuté leurs otages avant d’être eux-mêmes neutralisés. Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) détient déjà cinq otages français, probablement dans les montagnes du Mali. Elle considère les réactions de défense de la France, aidée par les Nigériens, les Mauritaniens et les Maliens, comme des actes qui doivent être punis. L’an dernier, les militaires français ont tenté de récupérer un otage, Michel Germaneau, qui a été assassiné. Le scénario s’est répété avec l’enlèvement des deux jeunes Français de Niamey.
L’INDIGNATION DES TUNISIENS A VAINCU LEUR PEUR
La très grande insécurité qui sévit dans un territoire immense dont les frontières de sable sont illusoires pose d’abord la question de la présence de civils français dans la région, y compris dans des villes considérées, à tort, comme sûres jusqu’à présent. Il est désormais impossible de sous-estimer le danger que les islamistes représentent, pas plus qu’il n’est possible de croire à une solution par l’apaisement. Mais cela fait du Sahara un nouvel Afghanistan, donc un guêpier. Pour y livrer bataille, il faudrait une détermination et des moyens en hommes et en matériels dont la France ne dispose pas vraiment. Nicolas Sarkozy a tenu des propos dépourvus de toute aménité pour les terroristes et, jusqu’à présent, sa façon de gérer la lutte contre AQMI n’a pas été critiquée par l’opposition. La campagne électorale risque de balayer l’union sacrée contre le fanatisme. La France est entraînée bien malgré elle dans cette nouvelle bataille qui coûtera nécessairement des vies humaines.
Il faut en outre se demander si la présence de civils français dans la région n’est pas indispensable ; par exemple, si la prospection de l’uranium peut être confiée aux seuls Nigériens. Évacuer nos ressortissants, c’est déjà céder au chantage, réduire notre influence et laisser Nigériens, Maliens, Mauritaniens et autres combattre des forces peut-être incapables de conquérir un aussi vaste territoire mais dont le pouvoir de nuisance est énorme.
Tunisie et Algérie.
Les désordres qui se sont produits en Tunisie et en Algérie n’ont aucun rapport avec AQMI, à ceci près qu’ils l’aident dans ses efforts pour déstabiliser tout le nord de l’Afrique. Bien entendu, il n’est pas question de réduire la révolte des Tunisiens et des Algériens à des provocations d’islamistes. Au contraire : après vingt-trois ans de pouvoir incontesté, le président tunisien, Zine el Abidine Ben Ali constate que la situation sociale est devenue tellement intolérable que la peur ne retient plus les Tunisiens, pas seulement les pauvres, mais une classe moyenne dont les diverses catégories professionnelles ont été atteintes de plein fouet par la crise. Le pouvoir tunisien est coupable d’avoir engendré un clan qui a confisqué la richesse produite par le pays alors que, en Algérie, c’est l’argent du pétrole et du gaz qui n’est pas distribué, comme si le régime tenait plus à sa cassette qu’à sa tranquillité. En Tunisie, on ne perçoit pas cependant une alternative au pouvoir actuel qui n’a cessé, face à l’Europe, de brandir le même argument : après moi, le déluge islamiste. Mais l’islamisme se développe encore mieux sur les décombres d’une crise ou sur la misère. En Algérie, même complaisance des Européens pour un pouvoir qui est parvenu à réduire la menace islamiste par la manière forte. Toute la question porte sur la capacité des révoltés des deux pays à renouveler la classe dirigeante en trouvant dans l’opposition (ou ce qui en tient lieu après les mises à l’écart, les exils et les emprisonnements) des hommes et des femmes prêts à assumer le pouvoir sans tomber dans l’excès du fanatisme. MM. Ben Ali et Bouteflika, qu’ils l’admettent ou non, ont fait leur temps. Ils ont largement l’âge de la retraite et ils ont tiré des avantages suffisants de l’exercice du pouvoir. Pour la France, la nature idéologique de ceux qui les remplaceront est d’une importance considérable.
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