Au demeurant, la différence entre le président de la République et le Premier ministre est imperceptible. M. Valls exprime sa fermeté, peut-être iconoclaste aux yeux de la gauche de la gauche, mais pas pour ceux qui soutiennent des réformes d’autant plus tardives qu’elles sont indispensables, là où M. Hollande tente de faire jouer son pouvoir de persuasion. L’épisode de la conférence sociale a eu au moins un avantage : il a montré que les deux membres de l’exécutif étaient associées dans le même projet et qu’ils entendaient résister à toute tentative de déstabilisation. Mais la route est longue. L’échec de la conférence sociale ne préjuge en rien de la qualité du dialogue social à venir. Des accords de branches continueront à être signés. Peut-être n’était-il pas judicieux d’instituer un rendez-vous annuel et médiatisé où les syndicats, désemparés par une crise dont ils n’ont pas plus la solution que ceux qui nous gouvernent, se croient obligés de jouer gros bras.
L’affrontement national n’est plus, depuis belle lurette, entre la majorité et l’opposition, dévastée par sa crise interne. Il oppose les députés socialistes dits frondeurs, les Verts et le Front de gauche aux quelques 200 députés du PS qui continuent à soutenir la gouvernement de Manuel Valls. Un premier épisode de ce conflit très particulier, le vote du collectif budgétaire, s’est terminé par un compromis. Le prochain épisode concerne la loi rectificative du budget de la sécurité sociale : les frondeurs, immergés dans leur archaïsme, ont déjà dit qu’ils s’abstiendraient.
« Prends l’argent et sauve-toi ».
On pourrait se demander si quelques dizaines de jeunes députés aussi irréductibles n’ont pas de bonnes raisons de se dresser contre le gouvernement issu de la majorité socialiste. Mais on ne trouve rien de convaincant dans leur analyse. Ils ne veulent pas que les ménages français paient les « cadeaux » accordés aux chefs d’entreprise sans contrepartie et financés, disent-ils par les ménages. Manuel Valls a pourtant procédé à des baisses d’impôts directs pour les foyers les moins aisés. Le premier secrétaire du PS, Jean-François Cambadélis, en est encore à dire que le patronat, c’est « Prends l’argent et sauve-toi ». On espérait quand même que les socialistes s’étaient rendus à l’idée que ce sont les entreprises qui créent des emplois. On s’aperçoit que beaucoup de nos têtes pensantes ne font pas du chômage leur priorité. Préserver à tout prix les avantages acquis, secourir les foyers dans la détresse en pompant indéfiniment dans des caisses vides, et même accepter le chômage et passer son temps à l’indemniser, tel serait leur credo ?
Les frondeurs dénoncent les économies sur la dépense publique avant même qu’elles aient été réalisées. Ils sont indifférents aux 56 % de richesse nationale que représentent les prélèvements. Ils ne jurent que par l’impôt, sans sembler se rendre compte du découragement qui règne chez les plus jeunes et les plus brillants de nos dirigeants économiques, plus enclins à quitter le pays qu’à essayer, contre vents et marées, de convaincre une gauche qui ne regarde même pas au-delà de nos frontières. Pourquoi la France n’at-elle pas encore réalisé les réformes qui réussissent ailleurs, et notamment en Allemagne ? Pourquoi la gauche de la gauche, aveugle aux changements qui ont produit de bénéfiques résultats dans d’autres pays européens, continue-t-elle à croire que le salut viendra de la lutte des classes et d’une taxation de la richesse à 80 % ? Pourquoi ne voit-elle pas ce qui crève les yeux, à savoir que des prélèvements élevés ne se traduisent pas nécessairement par une amélioration des services publics, mais qu’ils empêchent en revanche la croissance et la création d’emplois ?
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