LE DÉBAT PUBLIC, en France et ailleurs, sur ce projet de référendum, porte essentiellement sur le fonctionnement de la démocratie. Il s’est trouvé de nombreuses voix pour saluer l’initiative de M. Papandréou sous le prétexte qu’il est logique, utile et conforme aux règles élémentaires de consulter le peuple sur un sujet très important et même de nature historique. Cette attitude montre que beaucoup d’hommes et de femmes politiques et autant de journalistes n’ont pas pris la mesure de la crise. Le problème n’est nullement le référendum, instrument de l’exercice du pouvoir au même titre que les autres, c’est la manière dont il a été annoncé au mépris des intérêts de la Grèce et, surtout, de ses partenaires européens qu’elle a déjà plongés dans un gouffre et auxquels elle a peut-être porté un coup de grâce.
Il y aussi une démocratie européenne.
Nous ferons ici comme d’autres : nous exprimerons notre respect pour toute consultation populaire. Nous rappellerons néanmoins que le Premier ministre grec venait de recevoir le soutien de sa majorité au parlement et que, s’il a ressenti le besoin d’une approbation plus large, rien ne l’empêchait d’en informer ses homologues européens, étroitement liés à lui par un train de mesures sans précédent, avant de porter aux marchés et au sommet G20 une estocade imprévisible. Cela fait trois ans que la Grèce rencontre de très graves difficultés de financement. Avant de s’engager dans la voie de la négociation avec la zone euro, la majorité élue il y a deux ans avait tout le loisir d’organiser un référendum. M. Papandréou n’est pas responsable de ses décisions que devant les Grecs, il l’est devant tous les pays qui ont volé à son secours. Il y a une démocratie grecque, il y a aussi une démocratie européenne. On ne peut pas tenir un langage à Bruxelles et un autre à Athènes.
En outre, on est en droit de se poser des questions sur les intentions de M. Papandréou. Il n’a peut-être pas compris qu’il ne serait pas excessivement choquant qu’il fût personnellement sacrifié sur l’autel de la stabilité. Il a cru, semble-t-il, qu’il devait sauver sa peau. Dans ce cas, il ne l’a fait qu’en prenant le risque d’un chaos européen et, peut-être, mondial. C’est pourquoi dire qu’il s’est contenté d’annoncer une consultation populaire purement démocratique, c’est nier la gravité de la crise, ignorer l’ordre des priorités, confondre le contingent et l’essentiel. C’est pathétique, irresponsable et, pour tout dire, scandaleux.
LE DÉBAT SUE LE RÉFÉRENDUM GREC, C’EST LA CHARRUE AVANT LES BOEUFS
Certes, le Premier ministre grec a été contraint d’accumuler les mesures impopulaires ; certes, il n’a pas assisté aux dégâts causés par la crise et par la fureur des Grecs sans se demander par quels moyens (inexistants) il pouvait les épargner ; certes, il doutait lui-même du bien fondé de son action. Personne ne pense que la situation en Grèce est idyllique. Mais le référendum est-il la panacée ? Diminuera-t-il une dette de 350 milliards ? L’action de l’Europe, qui s’appuie tout de même sur l’effacement de près d’un tiers de la dette grecque, méritait-elle un tel mépris ? Et enfin, le chef du gouvernement grec avait tout le loisir de dire qu’il ne pouvait accepter le traitement qui était infligé à son pays, étant entendu que le seul autre choix possible était la sortie de la Grèce de la zone euro, le retour de la drachme et une dévaluation de quelque 50 %.
On suppose qu’entre Charybde et Scylla, M. Papandréou n’a pas su choisir. Terrassé par la fatigue, angoissé par une crise qu’il jugeait pratiquement insurmontable, accablé par sa propre impopularité, il a craqué au moment même où l’Union européenne lui offrait une chance. Ce débat qui, en France nous occupe tant, sur la primauté du peuple, sur sa souveraineté et sur son libre-arbitre, c’est le rappel de principes sûrement sacrés mais dissociés de la réalité. Quel pays d’Europe ou même du monde est complètement souverain à l’heure de la mondialisation et de l’interdépendance commerciale ? Plus de Grèce et moins d’Europe ? Est-ce bien sérieux ?
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