Les troubles psychiques, mentaux, cognitifs et du neurodéveloppement seront bientôt reconnus et pris en compte dans le calcul de la prestation de compensation du handicap (PCH), a annoncé ce 3 février le gouvernement, à l'occasion du 6e Comité interministériel du handicap (CIH), présidé par Jean Castex, aux côtés d'une douzaine de ministres.
Un décret devrait être publié d'ici à la fin mars 2022 pour modifier le référentiel, tandis que sera lancé en parallèle un plan de formation des professionnels des maisons départementales pour les personnes handicapées. Cette mesure, attendue par les associations, a été préfigurée dans un rapport (celui du Dr Denis Leguay) et a vu sa pertinence confirmée par une étude action sur trois territoires (Ardennes, Gironde, et Vosges). Les personnes concernées pourront ainsi financer une aide humaine pour les accompagner dans des démarches du quotidien qu'elles ne peuvent réaliser seules comme prendre les transports en commun pour aller chez le médecin.
Trois forfaits pour la surdicécité
Par ailleurs, les choses se précisent pour la surdicécité, déjà admise comme un handicap spécifique lors du cinquième CIH en juillet 2021. Jusqu'à présent, ces 6 500 personnes ne pouvaient faire reconnaître par l'administration qu'un seul de leurs handicaps, ce qui limitait les aides. Un décret également prévu pour mars ouvrira l'accès à trois forfaits progressifs pour « PCH aide humaine » de 30, 50 ou 80 heures.
Petits pas pour l'accès aux soins et à la communication
Avant le colloque du 16 février prochain qui se concentra sur l'accès aux soins des personnes en situation de handicap, ce sixième CIH, dernier du quinquennat, acte la généralisation sur tous les territoires, à commencer par la Bretagne et la Normandie en 2022, du dispositif Handigynéco, expérimenté en Île-de-France afin de faciliter l'accès aux soins et suivis des femmes dans les établissements médico-sociaux. Des référents handicap devraient être déployés dans les structures de médecine d'urgence (SMUR, SAMU, centre 15 et 114) et dans les établissements de santé.
Et, dès 2022, seront créés six pôles de référence de prêt de matériel de communication alternative et améliorée (CAA) dotés de 100 000 euros pour aider à s'exprimer les personnes qui peinent avec la parole, tandis que le comité national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) travaille main dans la main avec le secrétariat au numérique et les opérateurs pour développer d'ici 2024 l'accessibilité téléphonique (concrètement, développer les interprètes en langue des signes pour traduire les conversations). Toujours en faveur de l'accessibilité, Matignon a indiqué qu'une mission sur l'accessibilité du livre sera lancée en 2022, avec l'objectif de créer une bibliothèque numérique de livres audios.
Vers une réforme des Esat
Dans un contexte marqué par des tensions en termes de ressources humaines dans le secteur du handicap, la 6e édition du CIH a été enfin l'occasion de faire le bilan des grands chantiers que sont l'école inclusive et l'emploi. Les financements doubleront (de 7,5 millions à 15 millions d'euros) en 2022 pour renforcer l'accès des universités aux handicapés.
Dans le secteur du travail, le gouvernement entérinera d'ici fin mars par décret une réforme des Esat (établissements et services d'aide par le travail, qui vont changer de nom, le terme « aide » étant remplacé par celui d'« accompagnement »). Les 120 000 travailleurs handicapés concernés pourront bénéficier de parcours professionnels plus fluides, évoluer plus facilement en entreprise ordinaire classique avec possibilité de revenir en milieu protégé si besoin, et bénéficier de congés exceptionnels et de formation professionnelle.
Insatisfaction des acteurs de terrain
Malgré ces mesures, les attentes du secteur semblent loin d'être comblées, du côté des professionnels comme des usagers. Ce 1er février, le collectif Handicaps, qui regroupe 51 associations, a alerté les candidats à la présidentielle sur « la crise majeure des métiers du social et du médico-social, qui pèse sur les personnes handicapées et leurs familles ». Et le président du Collectif Arnaud de Broca de faire part d'une « insatisfaction réelle » au terme du quinquennat Macron qui avait « créé des attentes ».
De son côté, l'AFP France handicap publie les résultats de son premier observatoire des droits qui mesure l'étendue des obstacles auxquels sont confrontées les personnes en situation de handicap. « APF France handicap espère vivement que le prochain quinquennat sera l’occasion d’avancer vers une réelle effectivité des droits », résume l'organisation.
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