ON NE SE POSERA même pas la question, car l’horizon 2013 est suffisamment préoccupant. En dépit de l’intense effort fourni par les journaux pour nous expliquer, cas pas cas, de combien chaque ménage sera ponctionné, il est très difficile de calculer la somme. Il est même préférable de ne pas le faire. Un fumeur, un amateur de bière paieront plus, un ménage disposant de revenus confortables ou d’un patrimoine ne sera pas taxé comme un ménage qui gagne un ou deux SMIC. La diversité et la multiplicité des mesures sont telles que le calcul des nouveaux impôts et leur impact sur le pouvoir d’achat ne peuvent pas être chiffrés. Ce qui est drôle, c’est le discours des ténors de la majorité qui, lorsqu’on attire leur attention sur le fait que les classes moyennes seront atteintes au même titre que les classes supérieures, répondent que les hausses d’impôts ne concernent que les 10 % les plus riches de la population. Cette contre-vérité crève les yeux : le gel du barème de l’impôt sur le revenu (IR), la taxation des heures supplémentaires, la hausse des taxes sur le tabac et la bière affectent directement les classes moyennes et pauvres.
Qui aurait fait mieux ?
Cela ne veut pas dire que le gouvernement se conduise de manière criminelle. Il est probable que l’opposition n’aura pas mieux fait en matière de hausse d’impôts. Mais qu’au moins, ils le reconnaissent ! Ils nous offrent un discours éculé, comme l’a fait le président de l’Assemblée nationale, décidément expert en langue de bois, qui nous a parlé, dimanche dernier sur la Cinq, d’une « reconstruction dans la justice ». Il n’y a aucune justice dans le gel du barème ou dans l’imposition des heures supplémentaires. Pas plus qu’il n’y a de transparence dans une méthode qui consiste, le vendredi, à annoncer un choc fiscal sans précédent et, le lundi, à annoncer de de nouveaux prélèvements obligatoires pour renflouer partiellement le déficit de l’assurance-maladie. Là-dessus, tenter d’amadouer une population sous le choc en lui promettant le bonheur en 2014, alors que le prélèvement global sur la richesse produite par le pays dépasse les 46 % (en moyenne, chacun d’entre nous travaille cinq mois et demi pour l’État et six mois et demi pour vivre), c’est quelque peu téméraire.
L’AUSTERITE INAVOUEE EST ASSORTIE D’UN LANGAGE EXASPERANT
Le gouvernement serait beaucoup plus crédible s’il n’accommodait la pilule amère de quelques mots doux, s’il ne présentait son matraquage comme le triomphe de la justice sociale, s’il ne continuait, après avoir tant désiré le pouvoir et après l’avoir obtenu, d’attribuer à la majorité précédente les maux dont nous souffrons mais qui nous sont infligés en réalité par la crise mondiale et par la crise de l’euro. Peu importe d’ailleurs qu’il se livre à cette étrange et inutile dérobade. Ses mesures ne sont pas plus tôt adoptées qu’elles soulèvent la colère de son propre camp. C’est Jean-Luc Mélenchon qui renaît de ses cendres et livre, à la tête d’une manifestation à Paris, une très vive attaque contre la politique européenne du gouvernement ; c’est la gauche du parti socialiste qui rue dans les brancards ; ce sont les Verts qui ont atteint le comble de la déloyauté en rejetant le traité européen. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, fait valoir à bon droit que les amis de Cécile Duflot ne peuvent pas approuver le projet de loi de finances 2013 et rejeter en même temps le traité européen : les deux procèdent d’un tout économique et sont en quelque sorte inséparables. Ce serait un excellent argument si le même Jean-Marc Ayrault ne nous avait répété un bon nombre de fois que la politique d’austérité (qu’il refuse d’appeler ainsi, autre dérobade) n’était dictée ni par Bruxelles ni par Berlin, mais correspondait à une nécessité vitale pour le pays.
On apercevrait une lueur si les décisions draconiennes prises par le gouvernement étaient assorties du « choc de compétitivité » qui, en abaissant le coût du travail, nous aurait permis à long terme de gagner quelques parts de marché et de créer des emplois. Il semble bien, selon diverses rumeurs, que le pouvoir envisagerait de reprendre plus tard à son compte (et à sa manière) l’idée de TVA sociale. Tout ça pour ça ?
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