L’ÉVOLUTION de l’électorat européen, dont une fraction non négligeable est séduite par les thèses fondées sur l’intolérance, complique sérieusement la formation des gouvernements de centre droit qui, jusqu’à présent, exprimaient une majorité à peu près constante dans la plupart des États de l’Union. En Italie, même Silvio Berlusconi a du mal à maintenir sa coalition gouvernementale avec la Ligue du Nord, mouvement séparatiste et xénophobe. Les situations politiques de tous ces États sont très variables mais elles ont un dénominateur commun : la montée de l’extrême droite s’appuie essentiellement sur l’hostilité à l’immigration. L’autre ressemblance, c’est que ces partis sont devenus fréquentables, en quelque sorte. En 2000, la coalition des conservateurs de Wolfgang Schüssel avec le parti de Jord Haider avait valu à l’Autriche un boycott politique (peu efficace) de l’Union européenne et les sévères critiques de la presse mondiale. En dix ans, l’extrême droite est devenue acceptable et elle inspire plus de colère que de rejet.
Un voile pudique.
Pourquoi ? Parce que la question de l’immigration a été recouverte par les médias et les institutions du voile pudique du politiquement correct. Par exemple, aujourd’hui en France, on peut dire tout ce qu’on veut à la radio et à la télévision, on n’aborde le problème des immigrés clandestins qu’en les plaignant, qu’en prenant leur défense contre toutes les mesures destinées à les contrôler et qu’en traitant le pouvoir en place de toutes les épithètes possibles. Comme ceux qui ouvrent grands leurs bras aux clandestins, en tout cas moralement, ne nous disent pas pour autant qui doit payer pour leur intégration (chaque année plus de 100 000 étrangers sont accueillis sur notre sol et obtiennent un titre de séjour), le reste de la population ressent l’arrivée des clandestins, par ailleurs dignes de notre intérêt et de notre compassion, avec inquiétude. La peur de l’autre n’est pas moins irrationnelle que l’amour d’autrui poussé à un degré tel qu’il en devient dangereux, économiquement et socialement. Qu’il s’agisse des Flamands ou des Magyars, des Gaulois ou des Teutons, l’attachement à la vieille culture sert de protection contre les dangers de la mixité.
LE CONTRÔLE DE L’IMMIGRATION EST UN REMÈDE CONTRE L’INTOLÉRANCE
À quoi s’ajoute, et personne ne veut le dire clairement, le danger sérieux que crée l’intégrisme. L’amalgame entre islam et intégrisme est inacceptable. L’islam est une religion comme les autres. Les gouvernants doivent éduquer leurs populations et leur souligner leur erreur d’appréciation. Il n’empêche que, si les électeurs européens dans leur majorité n’ont pas le sentiment que leurs dirigeants prennent des mesures dissuasives pour limiter l’immigration, ils n’auront aucun scrupule à se dresser non seulement contre les clandestins, mais contre ceux des immigrés, musulmans ou non, qui ont pignon sur rue. Il n’est donc pas monstrueux, au nom de la protection des minorités, de lutter contre l’immigration incontrôlée, et c’est pourquoi on est en train de faire à Nicolas Sarkozy un procès excessif : le président doit respecter les textes des lois dont il est le garant, mais, dans le cadre légal, il a tout à fait le droit de faire démanteler des camps non autorisés ou de faire reconduire à la frontière des personnes, certes en pleine détresse, mais dont l’accueil systématique achèverait nos systèmes sociaux, déjà bien déficitaires.
Pour ce qui concerne les musulmans, beaucoup d’entre eux sont des modèles de civisme. On ne souligne pas assez leur réussite dans les domaines les plus divers, l’aisance avec laquelle ils participent superbement à la vie de la cité, bref leur assimilation. Ceux qui sont nés sur le sol européen ou y ont été admis ont besoin d’un espoir et d’un avenir, comme tous les citoyens de l’Union. Mais il faut aussi qu’eux-mêmes fassent un choix franc, entre la tentation du fanatisme et le désir de construire leur vie. Il est souhaitable que les nombreux musulmans qui occupent le devant de la scène se prononcent plus souvent contre l’intégrisme, contre le terrorisme, contre le recrutement des jeunes musulmans européens dans les camps afghans ou pakistanais, contre les prises d’otages et les attentats. C’est justement parce que le populisme a vite fait d’enfermer tous les musulmans dans le même préjugé que leur immense majorité doit désigner l’adversaire qui tente de trouver des soldats du Jihad dans leurs rangs.
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