LE PRÉSIDENT SORTANT s’appêterait à publier un livre bref (quelque 80 pages) dans lequel il reconnaîtrait ses erreurs, ferait son mea culpa et se présenterait néanmoins comme le candidat le plus apte à sortir le pays de la crise où il s’enfonce. François Hollande et François Bayrou, eux aussi, vont nous proposer un ouvrage sur leur credo. Depuis longtemps en France, la littérature est le jardin public de toutes les ambitions de nos dirigeants, mais avec des fortunes diverses : Mitterrand et de Gaulle ont laissé, chez ceux qui les ont lus, une empreinte plus durable que d’autres leaders. L’exercice littéraire est plus profitable à la postérité de l’écrivain-dirigeant qu’à son ambition, ne fût-ce que pour une raison simple : il est bien rare qu’un ouvrage, fût-il bien écrit et bien vendu, produise l’effet de masse qui permet une percée électorale.
Toutes ses cartouches.
Qu’à cela ne tienne : tous les moyens sont bons pour l’emporter et M. Sarkozy, qui cumule les deux postures de président sortant et de challenger, a décidé, de toute évidence, de tirer les cartouches qu’il lui reste. Il en a bien besoin. Certaines ont pourtant un effet négatif, comme la dernière sortie de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, qui a déclaré, en fin de semaine dernière, que toutes les civilisations ne se valent pas. Les socialistes se sont emparés de cette phrase politiquement incorrecte depuis que Claude Lévi-Strauss, mort le 30 octobre 2009, nous a appris qu’il n’y a pas de civilisation supérieure, que ceux que nous considérons comme des sauvages le sont moins que nous, ou que nous sommes tous des sauvages pour les autres.
MERKEL EST HOSTILE AU PROJET SOCIALISTE
Avions-nous besoin de cette provocation, si c’en est une, à quelques semaines du premier tour ? En vérité, c’est seulement M. Sarkozy qui a besoin de rassurer l’électorat du Front national sur sa détermination à défendre la France chrétienne, démocratique et occidentale contre les menées de l’intégrisme islamiste. Référence au « Choc des civilisations » de Samuel Huntington. On ne sait pas néanmoins si la digression philosophique de M. Guéant a la moindre utilité dans un univers dominé par la crise financière, sinon qu’elle donne le la à la chorale de la gauche, prompte à entonner le chant élégiaque de l’amour du prochain.
Franchement, qu’est-ce que ça change ? Les initiatives de M. Guéant ne semblent pas ôter une voix au soutien populaire à Marine Le Pen, laquelle, comme son père naguère, se plaint d’un complot de l’« UMPS » pour la priver des 500 signatures de maires indispensables au dépôt de sa candidature. Nous aurions pensé, malgré les sentiments qu’elle nous inspire et qu’elle a confortés depuis que, le 31 décembre dernier, elle a assisté à un bal antisémite à Vienne (le racisme sous forme de fête, où vont-ils chercher ça ?), que les grandes formations politiques ne commettraient pas la forfaiture de se débarrasser d’une candidature gênante en faisant pression sur les élus locaux. Mais M. Sarkozy, l’autre dimanche à la télévision, a dit tout net à Claire Chazal qu’il n’allait « quand même pas » voler au secours de Mme Le Pen. Ce qui a replacé la campagne dans un contexte d’une telle férocité que c’est tant pis pour les conséquences. Il y aurait, effectivement, quelque chose d’anti-démocratique dans le fait qu’une candidate créditée d’au moins 18 % des suffrages bute sur une disposition technique de la loi électorale, destinée uniquement à écarter les candidatures fantaisistes.
En même temps, peut-être n’existe-t-il aucun complot et que les maires sont tous anti-FN, contrairement à une bonne fraction de l’électorat. Le plus grave, pour Mme Le Pen, c’est qu’un sondage de lundi a proposé aux personnes interrogées un choix où la candidate FN ne figurait plus et qui donnait, au premier tour, MM. Hollande et Sarkozy à égalité, à 33 %. Ce qui confirme que le report des voix FN se fait plus en faveur du président que du candidat socialiste. À qui profite le crime...
Le plus bizarre, dans cette campagne, c’est le soutien qu’Angela Merkel est venu apporter, lundi à Paris, à Nicolas Sarkozy. Lequel fait feu de tout bois. En novembre dernier, après le G20 de Cannes, il avait obtenu de Barack Obama qu’il fît l’éloge du chef de l’État français à la télévision dans un entretien croisé. Même démarche, lundi dernier : le président et la chancelière ont répondu ensemble aux questions de France 2 et d’une chaîne allemande. M. Obama n’a peut-être pas compris qu’il était manipulé ou a laissé faire M. Sarkozy parce qu’il s’en moquait. Ce n’est pas le cas de la chancelière, tout simplement scandalisée par le refus de M. Hollande d’adopter la fameuse « règle d’or » en matière budgétaire et qui lui refuse un rendez-vous parce qu’il veut la convaincre de créer ces fameux eurobonds qu’elle exècre. Si la gauche est révoltée par les méthodes de M. Sarkozy, elle n’a pas à craindre le suffrage, unique et non valable, de Mme Merkel. Toutes ces bizarreries n’apporteront pas la victoire à M. Sarkozy, mais elles font une campagne des plus déroutantes.
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