À la veille de la journée mondiale du 24 mars, Santé publique France publié dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire », un bilan de la situation de la tuberculose en France et de l'impact de la suspension de l'obligation vaccinale.
Les données présentées sont de 2015. Le nombre de cas de tuberculose maladie déclarés cette année-là était de 4 741 dont 205 (4,3 %) dans les DOM. « La décroissance régulière observée depuis plusieurs années s’est poursuivie en 2015, où le taux de déclaration a baissé de 17 % par rapport à 2005 et de 11 % par rapport à 2010 », soulignent Jean-Paul Guthmann et coll. Le nombre réel de nouveau cas (en tenant compte de l'exhaustivité de la déclaration obligatoire) est estimé à 6 500 cas environ, soit un taux de d'incidence de 9,8 cas pour 100 000 habitants, ce qui place la France parmi les pays à faible endémie (l'objectif de l'OMS fixé par l'OMS d'ici à 2035 est de 10 cas pour 100 000).
Mayotte, Île-de-France et Guyane
Mayotte, l'Île-de-France et la Guyane sont les 3 régions françaises les plus touchées. La tuberculose continue à être très fréquente dans les populations d'origine étrangère (60 % des cas de tuberculose alors qu'elles ne représentent que 11,5 % de l'ensemble de la population en France). À noter que chez les sujets de plus de 80 ans, les cas de tuberculose (9 % des cas alors que ce groupe d'âge ne constitue que 5,7 % de la population générale) surviennent chez des personnes nées en France avec parfois des antécédents de tuberculose. Avec le vieillissement de la population, les cas de tuberculose (réactivation ou infection récente) pourraient augmenter dans cette tranche d'âge.
Localisation pulmonaire
La localisation est majoritairement (3 422 des 4 741 cas recensés, soit 72 %) pulmonaire avec des prélèvements respiratoires le plus souvent positifs (75 % des cas) et donc potentiellement contagieux. Les localisations exclusivement extra-pulmonaires représentent 28 % des cas (311). Le nombre de tuberculose méningée (isolée ou associée à d'autres localisations) est de 98 cas (2 %), tous déclarés chez des sujets de 15 ans et plus. Les formes miliaires (isolées ou associées à d'autres localisations) ont concernées 137 patients dont 3 enfants de moins de 15 ans (un enfant de 11 ans dont le statut vaccinal BCG était inconnu et 2 enfants de 5 mois né en Asie et un 23 mois né en France d'une mère originaire d'Europe de l'Est, tous les 2 non vaccinés alors que la vaccination était indiquée.
Impact de la suspension de l'obligation du BCG
Les auteurs ont évalué l'impact de la suspension en 2007 de l'obligation vaccinale remplacée par une recommandation de vaccination des enfants les plus exposés. « En France, hormis en 2008 (+ 3 %) et en 2014 (+1 %), le nombre de cas a diminué chaque année chez les enfants nés après 2006 comparativement aux cas déclarés dans la même classe d’âge en 2005 », indiquent les auteurs. L'analyse montre par ailleurs que ce nombre est en baisse en Île-de-France alors qu'il augmente en France métropolitaine hors Île-de-France. Dans cette zone, entre 40 et 50 % des cas éligibles à la vaccination ne sont pas vaccinés par le BCG chaque année. Le nombre de cas de tuberculose sévère chez les enfants nés après 2006 reste faible, en moyenne de 2,2 méningites et 1,4 miliaire par an. Entre 1 et 4 auraient pu être évités car ils sont survenus chez des enfants éligibles à la vaccination.
Former et sensibiliser les médecins aux indications du BCG
« Nos résultats sont rassurants et ne témoignent pas à ce jour d’un impact des nouvelles modalités de vaccination par le BCG au-delà de ce qui était attendu », se réjouissent les auteurs. Ils précisent : « Le nombre annuel de cas additionnels de méningites avait été estimé à 10 en cas d’arrêt de la vaccination et à 5 en cas de vaccination sélective des enfants à risque, avec des couvertures vaccinales élevées dans cette population. Les données présentées ici montrent que nous sommes très en dessous de ces prévisions et que cette situation ne permet pas de remettre en cause la stratégie vaccinale par le BCG. » Toutefois ils appellent à une surveillance attentive de l'évolution dans les nouvelles générations d'enfants.
En effet, la baisse de l’incidence constatée chaque année a pour corollaire une baisse de l’expertise sur la tuberculose. « La formation et la sensibilisation des professionnels de santé à la tuberculose, aux indications de vaccination et à la technique de vaccination intradermique sont des aspects essentiels dans la lutte contre la tuberculose en France et devraient être renforcées », concluent-ils.
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