SI JE SUIS élu, j’abolirai l’Obamacare qui ruine les libertés individuelles et alourdit l’impôt, dit l’un. Si je suis réélu, ma réforme sera appliquée et les États-Unis en sortiront grandis, dit l’autre. L’Obamacare, c’est un texte de loi épais comme la Bible, voté en 2010 après un déluge de critiques d’une rare violence. Les reproches continuent de pleuvoir aujourd’hui, malgré l’avis de la Cour suprême qui a reconnu, en juin, la constitutionnalité de la réforme.
L’axe fort de l’Obamacare, c’est l’élargissement de la couverture maladie, dans un pays où la santé reste la première cause de ruine personnelle. La loi renforce la couverture des individus pauvres ou âgés, via les régimes publics Medicaid et Medicare, renfloués financièrement. Elle contraint la « middle class » à frapper à la porte des assureurs privés : ne pas avoir de couverture santé - environ 50 millions d’Américains sont concernés - devient illégal. Dès 2014, les contrevenants s’exposeront à une amende.
La réforme prévoit également la création de trois agences fédérales chargées de piloter les expériences organisationnelles et d’évaluer l’efficacité des soins. Plusieurs milliards de dollars sont injectés. Le New Yorkais Victor Rodwin, professeur de santé publique invité au CNAM, salue la dynamique enclenchée : « À partir de janvier 2013, les hôpitaux qui ont un taux de réadmission plus élevé que la moyenne seront remboursés 1 % de moins sur tout. Les hôpitaux disent que ce taux n’est pas le reflet de la qualité des soins, mais cela les force à mieux se coordonner avec la médecine de ville. L’Obamacare met l’accent sur les réseaux, le parcours de soins ».
Dans le camp républicain, sans qu’aucun bretzel ne soit suspecté, on s’étrangle. Et l’on vitupère cette « médecine socialisée » tout droit importée d’Europe. Un débat idéologique d’arrière-garde ? Pierre Toullec, jeune Breton qui préside le comité Mitt Romney France, jure le contraire. « La médecine socialiste à la française supprime le libre choix du consommateur qui doit passer par le médecin traitant pour accéder aux spécialistes, et qui voit des médicaments déremboursés alors qu’il paye très cher l’assurance-maladie. Avec tout cet argent dans la poche, les Français pourraient s’offrir une assurance privée. Les Américains ne veulent pas d’un État centralisé qui décide de tout pour tout le monde ».
L’Obamacare, un « impôt très lourd ».
Lorsqu’il était gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney a fait adopter une loi en 2006, proche de l’Obamacare. Ce « Romneycare » impose aux habitants du Massachusetts de souscrire une assurance santé, et aide les moins aisés à payer cette couverture. L’Obamacare va plus loin, et entend peser sur l’organisation des soins. Surtout, cette loi fédérale s’impose aux 50 États - alors qu’aucune langue officielle n’existe à l’échelon fédéral, par exemple. Romney éliminera-t-il l’Obamacare s’il accède à la Maison blanche ? Victor Rodwin n’y croit pas : « Mitt Romney peut affaiblir les budgets, baisser les impôts, mais il n’arrivera pas à retirer la loi faute de majorité au Sénat. Il a déjà beaucoup viré vers le centre. S’il est élu, il changera de discours et fera des compromis ». Paul Ryan, le colistier de Romney, a en tout cas promis de tailler dans Medicare, l’assurance-maladie des plus de 65 ans. Il veut repousser à 67 ans l’éligibilité au programme, et entend, par un système de coupon forfaitaire, économiser 500 milliards de dollars sur dix ans.
Une chose paraît certaine. Les électeurs, très divisés sur le sujet, prendront en compte les programmes santé des deux candidats pour faire leur choix. Ce généraliste basé à New York assure que le corps médical votera majoritairement pour Romney. « Le vent a tourné depuis 2008, explique-t-il. L’Obamacare, c’est un impôt supplémentaire très lourd. Mon cabinet n’est pas encore soumis à cette loi car j’emploie moins de 18 salariés. Dans un avenir plus ou moins proche, je serai peut-être obligé de payer l’assurance santé pour mon employée à temps plein et ses trois enfants. La passer à temps partiel pour échapper à la loi serait crapuleux. C’est ce que n’hésitent pas à faire des grosses compagnies comme McDonalds. La loi, de ce fait, a diminué le revenu de l’Américain moyen. J’ajoute que l’Obamacare change la mentalité des médecins, qui courent de plus en plus après le salariat dans le but de faire du « nine to five » : un travail de 9 heures à 17 heures ».
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