AUCUN président sortant de la Vè République n’aura accumulé, à sept mois des élections générales, un passif aussi élevé : le basculement du Sénat, sans précédent, montre que le chef de l’État, en dépit de son volontarisme, n’a pas su rassembler son camp, éviter les listes dissidentes, apaiser les querelles au sein de l’UMP ; non seulement les « affaires » se multiplient, mais, tout au long de ces sept mois, elles apporteront leur cortège de révélations et risquent de discréditer un peu plus un pouvoir déjà très contesté par une forte majorité de Français ; la crise ne disparaîtra pas comme par enchantement et le chômage ne diminuera sans doute pas ; enfin, M. Sarkozy s’est aliéné bon nombre d’électeurs parmi ceux qui ont voté en sa faveur en 2007.
CONTINUER À ROGNER LE FN OU RÉCUPÉRER LE CENTRE ?
Un nouveau rôle.
Pour accentuer la notion de « candidat évident », l’éditorialiste du « Figaro » paru mercredi explique, non sans logique, que si le président retirait sa candidature, François Fillon et Alain Juppé, en dépit de leur loyauté, seraient concurrents pour le remplacer, ce qui entraînerait un chaos, encore que la rivalité Chirac-Balladur de 1995 n’a pas empêché la victoire de la doite. C’est néanmoins un excellent argument. Auquel on ajoutera que, si le chef de l’État devait faire défection, il faudrait qu’il se hâte pour donner à son remplaçant le temps de se préparer à une épreuve considérable. Comment croire toutefois que cet homme si énergique accepterait d’être astreint pendant au moins six moins à la condition de lameduck president, c’est-à-dire à celle d’un chef de l’exécutif qui a déjà renoncé au pouvoir ?
Bien entendu, l’UMP fera pour tout pour serrer les rangs au nom de l’enjeu, qui est immense ; bien entendu, la campagne de M. Sarkozy peut réserver des surprises (encore que l’ambiance préélectorale soit détestable, à cause des affaires et du durcissement excessif des positions, à gauche comme à droite) ; bien entendu, le « petit Nicolas » sera extrêmement efficace dans le rôle non du leader mais de l’underdog ; même le doute, s’il parvient à l’exprimer, apportera peut-être la touche d’émotion qu’il ne sait plus soulever chez ses concitoyens. Ce serait absurde de nier que M. Sarkozy est parfaitement capable, dans les pires circonstances, de se livrer à un one man show qui sera applaudi. Mais ce n’est pas un hasard si l’UMP gronde depuis plusieurs mois. On ne remporte pas une présidentielle si on ne s’impose pas, sans conteste possible, à son propre camp. Un peu plus haut, nous évoquions le chaos possible déclenché par une défection du président en exercice. Que dire d’une victoire de M. Sarkozy à la présidentielle suivie d’une défaite de la droite aux législatives et d’une cohabitation cette fois à peine imaginable ? Tout leur respect pour le chef de l’État n’empêchera pas les députés UMP de craindre leur propre déroute l’an prochain.
La perte du centre.
La politique de sécurité engagée par le président - et qu’il a renforcée ces derniers temps pour contrer la progression du Front national - semble avoir donné des résultats momentanés, Marine Le Pen faisant, dans les sondages, un score un peu moins élevé. Reste à savoir si la sécurité est encore la première des préoccupations de l’électeur, terrifié par la crise financière, et qui se demande ce qu’il va advenir de son compte en banque et de son épargne. M. Sarkozy peut axer sa réflexion sur des paramètres moins conjoncturels que les affaires et le chômage. Il peut s’appuyer sur une analyse qu’il fait depuis longtemps, à savoir que l’opinion serait largement à droite et que, si le FN n’existait pas, une majorité de gauche serait introuvable. Cela explique que la plupart de ses coups médiatiques soient des mesures autoritaires contre la délinquance et l’immigration. Il a grappillé deux ou trois points de pourcentage à Marine Le Pen, mais dans le même temps, il a permis à Dominique de Villepin et surtout à Jean-Louis Borloo d’envisager leurs propres candidatures, figurer dans les sondages, obtenir des pourcentages, certes faibles, mais qui s’ajoutent à celui de François Bayrou. À aucune de ces trois personnalités, il ne peut interdire de se présenter. On ne saura jamais si, avec une politique plus nuancée, moins brutale, il n’aurait pas assuré l’unité de son camp. L’UMP a été fondée sur l’idée de réunir la droite et le centre. Pendant qu’on crée en son sein une subdivision, « la Nouvelle droite », on voit des centristes qui s’écartent de « l’Union pour le mouvement populaire ». Un nom qui demeure pour un parti dont la vocation est devenue beaucoup moins ambitieuse.
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