INTERROGÉS dans le cadre de l’enquête de la Fédération Française de Cardiologie (FFC)*, 99 % des enfants de 9 à 11 ans estiment que le tabac est dangereux pour leur santé. Ces derniers ont également largement conscience de la dépendance que provoque la cigarette à moyen terme : 91 % pensent que les personnes qui fument le font par habitude et ne peuvent plus s’arrêter.
Pourtant, le piège de la première cigarette se renforce. Ainsi, de plus en plus d’enfants pensent que l’on peut fumer une première cigarette et s’arrêter après : 58 % des jeunes partagent ce point de vue, cette année, contre 53 % en 2010. « L’étude montre que la première cigarette, celle de l’addiction future, doit être combattue dès le plus jeune âge en utilisant tous les leviers. Parmi ceux-ci, les parents jouent un rôle essentiel, à nous de leur dire et de les aider à ne pas baisser les bras », affirme le Pr Daniel Thomas, cardiologue à la Pitié-Salpêtrière à Paris et président d’honneur de la FFC.
De fait, les parents peuvent être responsables de l’addiction future de leurs enfants : 52 % des jeunes interrogés déclarent qu’au sein même de leur entourage proche, une ou plusieurs personnes fument. D’après l’enquête, le fait d’avoir des parents fumeurs augmente de 2,5 fois le risque d’essayer la cigarette : ainsi, 10 % des enfants dans cette situation ont goûté au tabac contre 4 % de ceux dont l’entourage est non-fumeur. Chez les collégiens, l’entourage joue également un rôle déterminant : 80 % d’entre eux ont un parent fumeur et 63 % ont fumé leur première cigarette avec les copains. L’effet de groupe et le mimétisme favorisent l’entrée en addiction des jeunes fumeurs. Le comportement des parents face à leur enfant qui fume a également un fort impact : 50 % des adolescents qui fument déclarent que leurs parents ont baissé les bras.
L’addiction se féminise.
Au collège, les filles sont moins précoces que les garçons mais deviennent plus facilement dépendantes à la cigarette : seules 4 à 5 filles sur 10 arriveront à cesser de fumer après une première expérience contre 6 garçons sur 10. Les collégiennes sont aussi plus nombreuses à tenter la première cigarette (35 % des filles contre 31 % des garçons) et, une fois dépendantes, à tenter d’arrêter de fumer. Leur représentation de la cigarette comme anti-stress (pour 60 % d’entre elles) ou comme anti-prise de poids (pour 19 % d’entre elles) reste déterminante dans la rechute. « Les filles commencent plus tard que les garçons mais développent une plus forte addiction. À nous de mieux faire entendre notre message d’alerte : les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez la femme », rappelle le Pr Thomas.
Enfin, d’après l’étude de la FFC, 9 % des jeunes fumeurs auraient une hygiène de vie préoccupante. En effet, ce sont les jeunes non-fumeurs qui cumulent les bonnes habitudes tandis que les fumeurs additionnent les mauvaises : moins de cinq fruits ou légumes par jour, sédentarité... « Dans son message de prévention contre les maladies cardiovasculaires, la FFC recommande aux jeunes 0 cigarette, 5 fruits et légumes et 60 minutes d’activité physique au quotidien. Là encore, notre rôle en tant que médecin est de leur rappeler l’importance d’une bonne hygiène de vie pour protéger le cœur sur le long terme », conclut le Pr Thomas.
* La Fédération française de cardiologie mène une enquête barométrique depuis 14 ans sur les élèves de CM1 et CM2 et du collège. Cette étude porte sur les comportements des jeunes face au tabac et sur leur alimentation et pratique sportive. Cette année, l’enquête a été conduite par Kantar Health auprès de 2 540 élèves de CM1-CM2 et 1982 collégiens (de la 6ème à la 3ème).
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