Une étude parue dans le « New England Journal of Medecine » confirme l'intérêt d'une polypill combinant hypolipémiants et hypotenseurs pour réduire le risque d'événements cardiovasculaires chez des individus à risque intermédiaire. Le bénéfice est accru lorsque de l'aspirine y est associée.
L'International Polycap Study (TIPS)-3 (1), randomisée et contrôlée, a été menée dans 86 centres de neuf pays, dont l'Inde et les Philippines. Quelque 5 713 participants âgés en moyenne de 63,9 ans ont été inclus entre le 30 juillet 2012 et le 12 août 2017, avec un suivi moyen de 4,6 ans. Les patients devaient présenter un score de risque INTERHEART élevé, correspondant à un risque cardiovasculaire intermédiaire ou élevé.
Une réduction du risque de 31 %
« Chez les personnes à risque modéré de maladies cardiovasculaires, mais sans antécédent, une polypill combinant un antihypertenseur et des statines en association à de l'aspirine réduit le risque relatif d'événements cardiovasculaires de 31 % », indique au « Quotidien » Salim Yusuf, co-auteur de l'étude.
Plusieurs schémas thérapeutiques ont été évalués :
1. une polypill une fois par jour (40 mg de simvastatine, 100 mg d'aténolol, 25 mg d'hydrochlorothiazide et 10 mg de ramipril ; Polycap des laboratoires Cadila Pharmaceuticals) ;
2. de l'aspirine une fois par jour (75 mg) ;
3. la combinaison polypill-aspirine une fois par jour.
À chaque groupe d'intervention a été associé un groupe contrôle placebo.
Le critère de jugement principal était basé sur la survenue d'un décès de cause cardiovasculaire, d'un infarctus du myocarde, d'un accident vasculaire cérébral (AVC), d'un arrêt cardiaque réanimé, d'une insuffisance cardiaque ou d'une revascularisation. Le risque d'événement cardiovasculaire a ainsi été observé chez 4,4 % des patients du groupe polypill seule contre 5,5 % des patients du groupe placebo (HR = 0,79, soit une réduction du risque de 21 %), et chez 4,1 % des patients ayant pris l'association polypill-aspirine versus 5,8 % des patients sous placebo (HR = 0,69, soit une réduction du risque de 31 %). La polypill a été globalement bien tolérée, avec peu d'effets secondaires à type d'hypotension ou d'étourdissements
Pour le groupe aspirine seule, le critère retenu était le décès de cause cardiovasculaire, l'infarctus du myocarde ou un AVC. Il est survenu chez 4,1 % des patients sous traitement contre 4,7 % des patients sous placebo (HR = 0,86, soit une réduction du risque de 14 %).
Des résultats concordants
Deux précédentes études avaient déjà montré les avantages d'une telle polypill : l'étude PolyIran (2) avec une polypill incluant de l'aspirine, de l'atorvastatine, de l'hydrochlorothiazide avec de l'énalapril ou du valsartan, et l'étude HOPE-3 (« NEJM », 2016) (3) avec l'association rosuvastatine, candesartan et hydrochlorothiazide. « Ces études et l'étude TIPS-3 démontrent collectivement la valeur de cette approche », estime Salim Yusuf. Selon lui, « si cette approche basée sur la polypill est adoptée, plusieurs millions de personnes pourront éviter un infarctus du myocarde ou un AVC chaque année ».
(1) S. Yusuf et al., NEJM, 2020, DOI: 10.1056/NEJMoa2028220
(2) G. Roshandel et al., Lancet, 2019, doi: 10.1016/S0140-6736(19)31791-X
(3) S. Yusuf et al., NEJM, 2016, DOI: 10.1056/NEJMoa1600177
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