La dépression et l'anxiété devraient être inscrites sur la longue liste des conséquences à long terme de la pollution atmosphérique, selon une publication du « Jama Psychiatry ».
« Plusieurs études avaient déjà montré qu'une augmentation ponctuelle de la pollution atmosphérique était associée à une hausse du risque d'hospitalisation ou de consultation pour dépression et anxiété », rappelle les auteurs d'Oxford, de l'Imperial College de Londres et de l'école universitaire de santé publique de Pékin.
Toutefois, la question du lien entre pollution et santé mentale restait à trancher car peu d'études, et souvent aux résultats contradictoires, ont évalué cette association sur le plus long terme. En 2015, une étude tirée de la cohorte des infirmières américaines (Nurse Health Study) avait démontré un lien entre santé mentale et qualité de l'air sur le lieu de travail. Un an plus tôt, l'étude Mobilize menée chez 732 habitants de Boston et de sa région n'avait, au contraire, pas trouver de lien entre les niveaux de particules fines dans l'air et risque de dépression et d'anxiété.
Les hommes adultes particulièrement concernés
Pour leur travail, les chercheurs se sont basés sur la banque de données UK Biobank et ses 389 000 participants suivis pendant une durée médiane de plus de 10 ans. L'exposition aux PM2.5, aux PM10, au dioxyde d'azote, à l'oxyde d'azote a été évaluée en fonction du lieu de résidence.
Parmi eux, 15 835 patients ont présenté une dépression et une anxiété. La concentration médiane en polluants était de 9,9 μg/m3 pour les PM 2.5 ; 6,1 pour les PM comprises entre 2.5 et 10 ; 26 pour le dioxyde d'azote ; et 15,9 pour le monoxyde d'azote.
Les auteurs ont pris en compte un certain nombre de cofacteurs : âge, sexe, ethnie, durée de résidence, niveau social et d'éducation. Ils ont également considéré le niveau sonore du lieu de résidence. Dans le quartile des participants les plus exposés, les risques d'anxiété et de dépression étaient respectivement augmentés de 16 et 11 %, par rapport à ceux du quartile le moins exposé. Il semble que l'association la plus solide soit entre l'exposition aux PM 2.5 et l'anxiété chez les hommes adultes.
Des mécanismes à explorer
« Cette association non linéaire pourrait avoir des répercussions importantes sur la manière dont les politiques de santé publique sont conçues en ce qui concerne la pollution de l'air », estiment les auteurs, soulignant les bénéfices à en attendre compte tenu du poids de l'anxiété sur la société dans son ensemble.
Pour expliquer l'association, les chercheurs évoquent de possibles atteintes de la barrière hémato-encéphalique et une réactivation de l'axe axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, causées par le stress oxydatif induit par les microparticules et le monoxyde d'azote. La différence de sensibilité entre femmes et hommes, au désavantage de ces derniers, pourrait quant à elle s'expliquer par les taux d'œstrogènes. « Davantage de recherches seront nécessaires pour clarifier les mécanismes qui sous-tendent le lien entre pollution et santé mentale », concluent les auteurs.
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