L’UN N’EST PAS un président socialiste, l’autre l’est plus que jamais. L’un annonce l’allongement de la durée des cotisations aux régimes de retraite (première et inéluctable réforme pour les rééquilibrer), l’autre jure que l’âge de 62 ans sonnera le tocsin du départ. Peu importe : ils avancent la main dans la main, soudés dans l’adversité et dans la recherche d’une gouvernance qui résiste à la crise tout en épargnant les plus fragiles de nos concitoyens. « Nous ne toucherons pas à l’âge légal, affirme Jean-Marc Ayrault, peu soucieux d’être démenti dans un proche avenir, nous préservons les petites retraites et nous pérenniserons les régimes pour les générations à venir ». Eh bien non, Monsieur le Premier ministre, le seul moyen d’assurer la survie de ces régimes dont vous exaltez les vertus avec fierté, c’est de prolonger les carrières au-delà de 62 ans, puisqu’on vit plus longtemps, comme l’a fort bien dit le président. Et même de réajuster l’âge de départ en fonction d’une espérance de vie qui continue à augmenter chaque année.
Un modèle en perdition.
On ne privera pas M. Ayrault de son intention : il tente de rassurer la gauche, surtout celle qui vole dans les plumes du pouvoir, en réaffirmant des principes qui relève d’un modèle socio-économique en perdition. On aurait préféré que le président et le chef du gouvernement reconnussent enfin que nous ne sommes pas seulement dans une crise, pas même dans une crise structurelle, mais dans un changement profond du monde auquel la France doit s’adapter. Elle n’y parviendra pas si elle continue à recourir à des méthodes de gouvernance qui avaient cours avant le premier choc pétrolier (1974). M. Hollande arrive à la télévision pour se décrire en « chef de bataille », en « président de tous les Français », mais il se hâte de demander à M. Ayrault d’aller calmer les intoxiqués de la prodigalité, prêts à sacrifier le pays aux pactoles sociaux et feignent d’ignorer qu’en achevant la France de la sorte, ils ne rendraient pas service à leur clientèle électorale.
La question n’est d’ailleurs pas de savoir si François Hollande doit être réélu en 2017. Elle porte sur la survie de notre filet social qui ne résistera que s’il est amélioré, simplifié, moins dépensier. Dire que les avocats de la réforme n’ont qu’un objectif, la destruction de notre système de protection sociale, est une calomnie. On le détruira vite et totalement s’il continue à payer les régimes spéciaux de retraite (SNCF, EDF, RATP), un système incroyablement inégalitaire que le contribuable (qui n’en bénéficie pas), finance à raison de sept milliards d’euros par an. La retraite à 62 ans, c’est la préretraite à 58 ans ; la retraite à 63 ans obligera tout le monde à travailler un an de plus.
On dit : mais il n’y a pas de travail, il n’y en a plus pour les seniors, il faut en trouver pour les jeunes. C’est la même idée qui a amené la semaine de 35 heures, à contre-courant de la mondialisation. On ne peut partager le travail que si l’on partage aussi sa rémunération. La semaine de 35 heures aurait réussi si on avait baissé les salaires de 10 %. De la même façon, si les entreprises n’ont pas la possibilité de mettre à la rue un jeune homme de 58 ans, elles éviteront de le faire. On peut aussi cesser de payer les salariés à l’ancienneté, de sorte que les vieux ne seront pas plus coûteux que les jeunes.
François Hollande, président de tous les Français, a eu peur de ses propres déclarations : les socialistes risquaient de lui reprocher la distance qu’il vient de prendre avec son parti. Qu’à cela ne tienne. Jean-Marc Ayrault est là pour tenir haut le flambeau du PS. C’est dérisoire : n’est-il pas là lui aussi, avec ses ministres, pour défendre le niveau de vie de tous ses compatriotes ? Ce qui inquiétant, ce n’est pas ce faux découplage, c’est la peur d’en avoir trop dit, le besoin de corriger ce qu’on a dit, comme si ce qui a été dit était tellement osé. Mais s’ils ont peur de leurs propres paroles, que feront-ils quand il faudra affronter les manifestations ou les émeutes provoquées par les réformes ? Et qu’est-ce qui les retient ? Leurs convictions ou la crainte de l’impopularité ?
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