CHRISTINE LAGARDE, ministre de l’Économie, s’est bien gardée de tirer de ces statistiques un motif de satisfaction, alors que la décrue du chômage est indéniable. Elle craint néanmoins les plans sociaux en préparation et surtout l’arrivée d’une foule de jeunes sur le marché de l’emploi en septembre. Le Contrat de transition professionnelle, qui assure au nouveau chômeur un an de salaire et une formation à un emploi différent de celui qu’il a perdu, apparaît comme la meilleure arme antichômage, même s’il est très coûteux. Il est assorti de deux autres dispositifs, la Convention de reclassement personnalisée et le congé de reclassement, preuves que le gouvernement ne demeure pas inerte face à la pire des conséquences de la récession, la suppression massive de postes de travail.
Le pessimisme de la ministre pour l’avenir immédiat pose la question d’une crise dont personne, ni au gouvernement ni ailleurs, ne veut jurer qu’elle ne nous engloutira pas. Le premier trimestre s’est traduit par une croissance négative de moins 1,2 %, ce qui n’est pas, et de loin, le résultat le plus catastrophique du monde industrialisé, et pourrait correspondre, sur l’année 2009, à une chute du produit intérieur brut (PIB) de 3 %. C’est, si l’on peut dire, la bonne nouvelle. la mauvaise, c’est qu’un vif rebond de la croissance économique semble exclue pour 2010. Elle ne dépassera pas 0,5 % l’an prochain, ce qui signifie que le taux de chômage, qui aura atteint au moins 10 % à la fin de 2009, continuera à croître et rejoindra le taux le plus mauvais de l’après-guerre, soit 12 %.
C’est un problème spécifiquement français. Le poids des charges sociales sur les entreprises fait que, pour embaucher, elles ont besoin de plus de garanties à long terme que dans les autres pays. Elles prennent moins de risques. De sorte qu’avec une croissance égale à celle d’autres pays, nous créons moins d’emplois. Si la récession chez nous est moins profonde que chez certains de nos voisins, elle fait en France les mêmes dégâts qu’ailleurs. Le gouvernement est déterminé à déclencher une croissance artificielle. C’est le sens du grand emprunt qu’il va lancer à l’automne, en s’adressant aussi bien aux Français qu’aux institutions financières. Vrai ou non, il est beaucoup question d’un emprunt colossal, de l’ordre de 50 à 100 milliards et peut-être plus. François Fillon a dit deux choses au sujet de cet emprunt : qu’il serait entièrement consacré à des travaux d’infrastructures, aux équipements, aux transports, à la formation professionnelle, tous créateurs d’emplois ; et qu’il souhaitait une adhésion populaire très forte pour que, face à un crise épouvantable, les Français non seulement affirment leur solidarité, mais qu’ils prennent tous ensemble entre leurs mains leur destin socio-économique.
Il s’agit d’une idée intéressante, qui n’enlève rien à ce que nous disions le 25 juin, à savoir que l’emprunt aggravera une dette publique déjà énorme et que plus le montant de l’emprunt sera élevé, plus la dette augmentera, sachant qu’elle est déjà de l’ordre de 1 300 milliards d’euros, qu’elle atteindra les 80 % du PIB à la fin de l’année et que, simplement pour payer les intérêts de cette dette, nous avons besoin chaque année de 54 milliards d’euros, plus que ce que produit l’impôt sur le revenu. Un emprunt de 100 milliards à 4,5 % augmentera le sevrice de la dette de 4,5 milliards par an. Chaque fois que l’on s’y réfère, on est confondu par de tels chiffres. Ils sont si élevés que, dans l’esprit de la plupart de nos concitoyens, ils ne correspondent à rien de concret. « Ils compromettent la survie même des nos systèmes économiques », a déclaré François Fillon vendredi dernier. Pour autant le Premier ministre ne veut pas entendre parler de hausse des impôts et mise essentiellement sur une réduction des dépenses de l’État qui nous semble bien problèmatique.
Le projet d’emprunt national appelle deux remarques supplémentaires : M. Fillon a établi une distinction claire, définitive et presque idéologique entre déficit structurel et déficit créateur de richesse. Nous lui objecterons que, quelle que soit sa nature, une dette doit être remboursée tôt ou tard. La seconde remarque a trait au débat sur la relance de l’économique. Au début de l’année, le gouvernement a lancé un plan de 26 milliards et il a nommé Patrick Devedjian pour contrôler les investissements auxquels il donne lieu (et leurs résultats). L’opposition a jugé ce plan insuffisant. Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il n’y avait pas lieu d’augmenter l’injection de capitaux dans l’économie. Aujourd’hui, on nous parle d’un emprunt de 100 milliards (quatre fois le plan de janvier) qui seront entièrement consacrés à la croissance. Ne s’agit-il pas d’un deuxième et énorme plan de relance ? Et si la gauche avait trouvé trop timide le premier, va-t-elle dire maintenant qu’on en fait trop ? Mais oui, bien sûr, elle l’a déjà dit.
L’EMPRUNT SERA UN DEUXIÈME (ET COLOSSAL) PLAN DE RELANCE
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