Depuis quelques semaines, le sentiment existe que le Premier ministre, Manuel Valls, censé apporter au redressement du pays le coup de fouet que son prédécesseur n’aurait pas su lui donner, a du mal à progresser dans les réformes, sinon celles qui soulèvent des polémiques, comme le projet de loi pénale dont il n’a pas réussi à atténuer les dispositions les plus indulgentes à l’égard des délinquants ou des criminels. Dans ce domaine, déjà, M. Valls traîne, bien malgré lui, le boulet que représente Christiane Taubira, décidée à imposer une vision de la justice qui n’est pas en adéquation avec les menaces multiples pesant sur la sécurité intérieure du pays. Dès lors que le Premier ministre n’a pas eu gain de cause dans la querelle larvée qui l’a opposé à la garde des Sceaux, il est facile d’en tirer la conclusion qu’il n’a pas carte blanche du chef de l’État. François Hollande, en effet, est obsédé par l’hypothèse que le succès éventuel de son nouveau Premier ministre pourrait le desservir. C’est sans doute pourquoi le président ne cesse d’occuper le devant de la scène. Mais, dans le même temps, le style Hollande n’est pas vraiment adapté aux urgences de la situation. M. Valls n’avait pas beaucoup de temps devant lui pour imprimer sa marque. Il lui fallait aller vite, frapper les esprits par des mesures immédiatement applicables, prouver au moins que quelque chose avait changé. Sur ce point, on peut craindre qu’il ait déjà échoué, justement parce que son patron, à l’Élysée, est plongé dans une contradiction : il veut bien que M. Valls fasse des miracles mais sans jamais apparaître comme le sauveur du pays. On attendait du Valls, on a du Hollande bis.
Est-ce ainsi que l’on gouverne ?
Il suffit d’observer ce qui se passe au niveau du fameux pacte de stabilité, annoncé en janvier, et que le Medef remet aujourd’hui en question tandis que la CFDT, syndicat essentiel dans la négociation avec le patronat, se déclare prête à abandonner les discussions. Or le pacte est censé représenter l’instrument numéro un de la relance économique. On n’a vu ni M. Hollande ni M. Valls taper du poing sur la table, ou intervenir dans le débat patrons-syndicats, ou relancer des pourparlers qui sont tout simplement en train de dépérir. Le gouvernement ne s’est même pas félicité des décisions prises par Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), qui a baissé le taux de sa banque à 0,15 %, du jamais vu, et fera payer aux banques privées un taux dit "négatif" si, au lieu de prêter leur argent aux entreprises, elles le stockent à la BCE. Excellentes dispositions, propres à stimuler la croissance en Europe. De bonnes nouvelles nous sont donc venues de l’UE et, si elles n’ont pas été commentées par le gouvernement, c’est peut-être parce qu’il espère qu’elles compenseront son propre manque de résultats. Est-ce ainsi que l’on gouverne ? Tout à coup, alors que nous sommes déçus de ce que Manuel Valls ne soit pas vraiment le Premier ministre autoritaire, vif, rapide, fiévreux et efficace que nous appelions de nos voeux, voilà que tous les regards se tournent vers le wonder boy italien, Matteo Renzi, le jeune président du conseil à qui tout sourit, à commencer par la victoire qu’il a remportée aux européennes. M. Renzi va plus vite que l’éclair, bousculant les conservatismes, mettant tous les élus du pays au régime sec, annonçant la disparition prochaine du Sénat. Si les Italiens croient en lui, c’est principalement parce qu’il a une dynamique. M. Valls pouvait faire ce qu’a fait M. Renzi. Mais en Italie, le président n’est pas chef de l’exécutif.
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