Tandis que Manuel Valls fait une tournée des capitales européennes pour assurer nos partenaires et voisins que nous sommes les meilleurs amis de l’entreprise et de la finance, la France est vivement critiquée par ses pairs : non seulement, elle n’a pas tenu, depuis deux ans, les objectifs qu’elle s’était fixés après avoir obtenu trois délais pour le retour à l’équilibre budgétaire, mais, excipant d’une croissance zéro, elle a tout simplement renoncé à réduire les déficits de l’an prochain et des années suivantes. Elle a ensuite tablé sur une croissance de 1 % en 2015, mais aucun organisme de prévision économique ne croit à ce chiffre. Le pire, c’est que deux de ses exigences au moins ont été satisfaites : elle souhaitait une baisse de l’euro, il a perdu 10 % de sa valeur par rapport au dollar ; elle réclamait plus de liquidités pour relancer le crédit, la Banque centrale européenne (BCE) a pris des décisions spectaculaires dans ce sens. Pourtant, la croissance française n’est pas repartie.
Mario Draghi, président de la BCE, l’a dit : l’organisme qu’il dirige ne peut pas tout, il peut seulement améliorer l’environnement financier. Il appartient aux États ensuite d’engager des politiques économiques appropriées. À noter que, jusqu’à présent, si nous avons augmenté les impôts de manière disproportionnée, nous n’avons fait rien d’autre. À cause d’une pression fiscale insupportable, les recettes de l’État ne sont pas au rendez-vous ; pour une raison simple : la consommation est atone, les ménages prévoyant un sombre avenir et préférant économiser. Pendant ce temps, Arnaud Montebourg, qui, n’étant plus ministre, entend organiser une nouvelle opposition de gauche, explique les échecs du gouvernement par une politique économique d’austérité. Il cite les prix Nobel d’économie et les organismes de régulation financière qui seraient hostiles à la rigueur. Mais, à ce jour, quelles mesures, en dehors de la hausse des impôts, ont été prises qui nous auraient mis à la diète ? Aucune. Manuel Valls a décidé de supprimer la première tranche de l’impôt sur le revenu, sans savoir exactement où il va trouver les sommes que l’État ne percevra plus. On nous annonce des économies sur l’assurance-maladie, elles ne feront qu’entamer légèrement l’énorme déficit de ce poste.
Le problème est politique.
Le paradoxe est consternant : François Hollande est combattu à gauche pour une politique qu’il n’a pas encore mise en œuvre. M. Montebourg explique la stagnation de notre économie par des décisions qui n’ont pas été prises à ce jour. Le découragement se lit dans le regard des ministres concernés. La tentation du laxisme est immense : c’est par miracle que M. Sapin a été obligé de réaffirmer l’objectif d’une coupe de 21 milliards dans les dépenses en 2015, après qu’il eut dit qu’il ne l’atteindrait pas. Le problème n’est pas économique, mais politique : nos dirigeants sont trop impopulaires pour se permettre d’infliger à la population des impôts ou des coupes budgétaires qui risquent de provoquer une explosion. Il est vrai, en effet, que la rigueur budgétaire risque d’entraîner un surcroît de chômage. Mais nous n’avons pas encore pris cette voie et le gouvernement n’a pas expliqué pourquoi nous devons corriger une dérive qui fait de la France le mauvais élève de l’Europe, pourquoi la stagnation résulte de choix qui ne déclenchent aucun enthousiasme dans les entreprises, pourquoi la préparation d’un avenir meilleur implique des sacrifices maintenant. Le courage consisterait à aller au bout de l’impopularité pour qu’enfin le pays assainisse ses finances.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque