Italie : Daniela Poggiali, infirmière ou tueuse en série, arrêtée pour le décès de plusieurs patients

Publié le 14/10/2014
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« Nous ne saurons jamais si c’est elle qui les a tués. » Après l’arrestation vendredi dernier de Daniela Poggiali, 42 ans pour avoir volontairement précipité la mort d’une patiente, les familles des 38 patients décédés de façon inattendue depuis le début de l’année s’interrogent. Comme la direction de l’hôpital Umberto I situé à Lugo (nord) qui avait qualifié ces trépas de « décès pour causes naturelles ».

Une boutade qui n’en était pas une

Pourtant, quelques médecins et aides-soignants avaient eu des soupçons, comme le Dr Giorgio Bevoni, mais personne n’avait osé ouvrir la boîte de Pandore. Durant une conversation sur l’état de santé difficile d’un patient, Daniela Poggiali aurait déclaré : « Il y aurait bien une solution : deux ampoules de potassium ! . Aujourd’hui, le Dr Bevoni regrette d’avoir cru à une boutade, l’aide-soignante étant accusée d’avoir tué une octogénaire en lui injectant du chlorure de potassium. La justice pourra difficilement prouver la culpabilité de l’infirmière pour les 37 autres décès, le potassium disparaissant rapidement. Même si tous les décès ont eu lieu lorsque l’infirmière était de garde.

Dans les couloirs aseptisés de l’hôpital public de Lugo, situé dans la région de Ravenne au nord de la péninsule, les langues se délient pour brosser un portrait brutal de l’infirmière. Une femme décrite comme « glaciale », « impassible », « encombrante », « vindicative » mais aussi « infatigable » et « toujours très euphorique ».

Durant les derniers mois, ses relations avec ses collègues avaient pris une tournure dérangeante. Pour mettre ses collègues dans l’embarras, elle administrait des doses de laxatif impressionnantes aux patients avant de finir son tour de garde. Pour calmer les patients difficiles, « elle les gavait littéralement de tranquillisants » a confié une infirmière aux enquêteurs. Il y a quatre mois, une collègue l’avait surprise en train de voler des médicaments. En sortant de l’hôpital, la jeune femme avait trouvé un bouquet de chrysanthèmes enveloppés dans un ruban de soie noire sur le pare-brise de son véhicule !

Les premiers soupçons

Les 4 et 5 avril derniers, deux patients meurent alors que Daniela Poggiali est de garde. Un mois auparavant, trois autres malades s’en étaient allés. Les médecins et l’infirmière en chef saisissent la direction de la sécurité sociale régionale. Pas d’analyses, pas de diagnostics. « Au prochain mort, on appelle les carabiniers », déclarent les responsables. Une promesse de gascon car une autre patiente meurt officiellement d’un infarctus le 7 avril et la police n’est pas alertée. Les résultats des analyses sont sans appel : une dose létale de chlorure de potassium. Les premières langues se délient et l’infirmière est placée sous surveillance puis finalement arrêtée la semaine dernière. Selon les enquêteurs, Daniela Poggiali n’agissait pas par compassion mais voulait se débarrasser des patients difficiles et de leurs familles qui réclamaient des bulletins de santé au quotidien et, par conséquent, encombrantes.

Ariel F. Dumont, à Rome

Source : lequotidiendumedecin.fr