SI LA CRISE de la dette européenne est grave, la menace d’une attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes fait peser un danger bien plus sérieux sur la région et sur le reste du monde. Barack Obama a demandé au gouvernement israélien de ne pas intervenir seul contre Téhéran, de ne pas le faire avant les élections générales du 6 novembre aux Etats-Unis et d’attendre que les sanctions renforcées contre l’Iran produisent leur effet. Le chef du gouvernement israélien ne l’entend pas de cette oreille. Il ne craint pas de menacer Téhéran. Il estime qu’il est urgent d’attaquer les installations iraniennes, sans quoi Israël serait placé devant le fait accompli. Il ne cache pas sa méfiance à l’égard du président Obama qui ne comprendrait ni Israël ni la gravité de la menace qui pèse sur ce pays.
Le rapport de l’AIEA.
En publiant un rapport selon lequel l’Iran muliplie le nombre de ses centrifugeuses et se rapproche du moment fatidique où le pays des ayatollahs disposerait de la quantité d’uranium enrichi requise pour la production d’une bombe atomique, alors même que Téhéran refuse obstinément toute visite de ses installations par les experts de l’agence, l’AIEA renforce l’argumentation d’Israël. La sévérité des sanctions internationales, dont les exportations, première ressource budgétaire, ne cessent de diminuer, n’a fait qu’encourager le pouvoir iranien à concentrer ses efforts sur la course contre la montre pour franchir le seuil nucléaire, même si, dans les discours officiels, il n’est question de nucléaire civil. Bien entendu, personne ne croit aux bonnes intentions de Téhéran où le président Ahmadinejad et les mollahs ont prédit un nombre incalculable de fois la disparition d’Israël.
OBAMA A-T-IL LIVRÉ DES BOMBES ET DES AVIONS À NETANYAHOU ?
Cependant, on ne voit pas pourquoi les Iraniens, aussi agressifs que soient leurs dirigeants, prendraient le risque d’être oblitérés par des représailles d’Israël (qui disposent de sous marins d’attaque porteurs d’ogives nucléaires) s’ils commettaient la folie de s’en prendre à l’État juif. Le problème, c’est qu’ils ont irrationnels et qu’ils croient à une sorte de chaos destructeur qui serait suivi de l’arrivée d’un messie musulman. Israël, dans ces conditions, ne veut prendre aucun risque : l’État hébreu n’a aucune envie d’effacer l’Iran de la carte s’il doit au préalable se sacrifier. Un raid de prévention serait infiniment préférable à une explication dévastatrice et définitive. On peut donc comprendre une inquiétude que le politologue Frédéric Encel attribue au fameux « complexe de Massada » : en l’an 73, un millier de Juifs assiégés par les Romains ont préféré le suicide à la reddition.
Les tergiversations de Barack Obama sont à la fois dictées par la prudence et par le ressentiment que lui inspire M. Netanyahou. Mais un raid israélien pose des problèmes de logistique apparemment insolubles : pour qu’il soit efficace, les bombardiers israéliens doivent être équipés de bombes spéciales capables de percer plusieurs mètres de béton ; l’installation de Fordow, creusée à flanc de montagne sous une énorme couche de granit semble invulnérable ; et, selon le consensus des experts, un raid retarderait l’enrichissement de l’uranium, il ne détruirait pas définitivement les installations iraniennes. Israël a aussi besoin d’avions ravitailleurs, doit s’assurer de la neutralité de la Jordanie ou de l’Arabie saoudite, pays que sa flotte aérienne devrait survoler, et éviter que les représailles lancées par le Hezbollah, au Sud-Liban et par le Hamas à Gaza, n’exterminent des milliers d’Israéliens au moyen des dizaines de milliers de roquettes dont ils disposent. Le ministre de la Défense, Ehud Barak parle de « 500 morts », mais comment le sait-il ? Pourquoi pas 5 000 ou 50 000 ? Enfin, il n’y a aucun consensus en Israël même au sujet de l’intervention. Des généraux, les services secrets, une grande partie de la presse et de l’opinion y sont résolument opposés.
La semaine dernière, « le Canard enchaîné » affirmait, en se référant à des sources diplomatiques françaises, que le président Obama avait déjà livré à Israël des avions ravitailleurs et les fameuses bombes. Si elle est vraie, cette information ne peut s’expliquer que par un échange de bons procédés : Israël obtient des États-Unis des armes indispensables au raid, mais prend en échange l’engagement de ne pas attaquer l’Iran avant les élections américaines du 6 novembre. L’élément le plus négatif du dossier, c’est justement qu’Israël risque d’agir seul, pis, d’entraîner les Américains dans une guerre dont ils ne veulent pas. Il permet à M. Netanyahou de dire qu’il n’est lié par aucun engagement, qu’il ne l’est même plus par le respect et la gratitude dus à son allié historique. Mais rien n’empêche de croire que la surenchère israélienne soit purement verbale et justifiée uniquement par le désir de maintenir la pression sur Téhéran.
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