Le nombre annuel de signalements pour ABRI, une bactérie de type Acinetobacter baumannii (AB) résistante à l’imipénème (antibiotique de la classe des carbapénèmes), est en « nette augmentation » depuis quelques années dans les CHU, selon une étude du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
L’analyse rétrospective des signalements d’infections nosocomiales (SIN) reçus à l’Institut de veille sanitaire couvre la période entre le 1er août 2001 et le 31 mai 2011. Sur 10 288 signalements reçus sur la période, 343 (3,3 %) impliquaient des ABRI. Les signalements pour ABRI représentaient entre 2 et 3 % de l’ensemble des SIN de 2003 à 2008, 3,2 % en 2009, 5,1 % en 2010 et 11,1 % pour les cinq premiers mois de 2011.
Les régions ayant signalé le plus grand nombre d’ABRI étaient l’Ile-de-France (27 %), le Nord-Pas-de-Calais (18 %), l’Aquitaine (9 %), la Provence-Alpes-Côte d’Azur (8 %) et le Midi-Pyrénées (8 %). L’analyse descriptive a permis d’identifier plusieurs épidémies régionales, notamment en région aquitaine, dans la région Nord-Pas-de-Calais ou en Martinique. Sur les 343 SIN à ABRI, 315 (92 %) n’impliquaient qu’un seul micro-organisme, 23 en impliquaient deux et 5 en impliquaient trois. « Au total, 172 décès ont été rapportés dans les SIN impliquant au moins un ABRI. Sur les 315 SIN n’impliquant que des ABRI, 160 décès étaient rapportés pour 936 cas au total, soit une létalité brute de 17 % », précisent les auteurs de l’étude (Sophie Vaux et coll.).
Les sites les plus fréquemment rapportés étaient les infections respiratoires (37 %), les septicémies (18,9 %) ou les infections urinaires (12,6 %). Ces SIN provenaient essentiellement de CHU, de services de court séjour, de services de réanimation, de médecine et de chirurgie. Dans les services de brûlés, les SIN pour ABRI comptent pour plus de 25 % des SIN.
Hygiène et usage raisonné des antibiotiques
Le contrôle d’une épidémie à AB nécessite des « efforts importants », soulignent les auteurs qui s’appuient sur la description de deux épidémies dans le Nord-Pas-de-Calais et au CHU de Fort-de-France. Des mesures allant jusqu’à la fermeture du service ont dû être appliquées afin de juguler les épidémies. Les données du signalement réglementaire des infections nosocomiales « confirment l’importance et l’augmentation des infections ou colonisation à ABRI parmi l’ensemble des IN signalées ». Elles soulignent que « la résistance aux antibiotiques est un problème de santé publique qui ne se limite pas à quelques micro-organismes ». Cette émergence des ABRI est également rapportée au niveau européen. « Une vigilance renforcée sur les ABRI paraît donc nécessaire à l’avenir et doit impliquer tous les partenaires concernés », estiment les épidémiologistes. Dans ce contexte, « le strict respect des mesures d’hygiène et une politique raisonnée de l’usage des antibiotiques, telles que recommandées par le programme national de prévention des IN 2009-2013 et le plan national d’alerte sur les antibiotiques 2011-2016, ont donc toute leur importance », concluent les auteurs.
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