LA FORCE DE LA RÉCESSION fait reculer la date de la reprise. Personne ne se hasarde plus à prévoir un rebond de l’économie à la fin de l’année ni même au début de l’année prochaine. Ce qui signifie principalement que les chômeurs devront attendre plus longtemps pour retrouver un emploi. En même temps, nous ne sommes pas les plus mal lotis : les Allemands s’attendent, pour leur part, à une chute de la production de l’ordre de 6 % en 2009, ce qui ne nous réjouit guère, car l’Allemagne est notre première partenaire commerciale.
La perte d’un million d’emplois ?
Cependant, la maladie dont souffre l’économie mondiale est unique. Elle a des effets divers sur l’emploi ou les affaires, mais quand on dit que la production diminue de 3 %, on dit en même temps que cette baisse entraîne un chômage considérable et une baisse de toutes les activités économiques et financières. Le gouvernement a fourni d’autres paramètres qui ne sont pas réconfortants mais indiquent une détérioration peut-être moins grave que ce qu’une récession aussi forte pouvait laisser craindre. Par exemple, nous avons terminé l’année 2008 avec, certes, une récession au dernier trimestre (moins 1,5 %), mais pour l’ensemble de l’année dernière, il y a eu une croissance en France de 0,3 %. À la fin de 2008, la dette publique se situait à 68,1 % du PIB (c’est beaucoup, mais pas bouleversant) et le déficit public à 3,4 % (ç’aurait pu être pire). Là où nous regardons en Europe et dans le reste du monde occidental, nous constatons des situations beaucoup plus alarmantes : en Allemagne, le PIB a diminué de 3,4 % au premier trimestre 2009, soit un recul deux fois plus profond qu’en France. Et, pour l’ensemble de l’Europe, le recul au premier trimestre (moins 2,5 %) est également largement supérieur au nôtre.
Tout cela ne signifie pas que nous devions observer la scène économique avec sérénité. Quand le directeur général de l’UNEDIC annonce une perte probable d’un million d’emplois en France en 2009 (le premier trimestre en a détruit 138 000), il met le doigt sur la conséquence la plus fâcheuse de la récession. Il demeure qu’une récession de 3 % entraîne forcément une vive remontée du chômage, et les chiffres indiqués ne sauraient nous surprendre.
Ils n’en sont pas moins excessivement inquiétants. Il nous semble que le gouvernement doit surtout prendre en compte le sort des licenciés. Il résiste aux appels exigeant un plan social plus large parce qu’il sait déjà que les déficits et la dette vont exploser cette année (les déficits publics pourraient atteindre 100 milliards d’euros). Cela veut dire aussi que le filet social, tel qu’il existe actuellement, n’est pas conçu pour faire face à la récession la plus grave depuis 1929, mais pour une crise conjoncturelle ou brève. Les pouvois publics doivent donc affronter une différence en nature et non en degrés. Les moyens affectés au chômage sont insuffisants, dès lors que le nombre de chômeurs augmente de façon exponentielle et que la durée du chômage sera plus longue. L’opposition a raison de réclamer de nouveaux moyens financiers pour mieux indemniser les chômeurs et pour une durée plus longue.
Un juste partage des sacrifices.
Il sera toujours temps de faire les comptes au lendemain de la crise, qui est assez grave aujourd’hui pour que, demain, le rebond soit étincelant. Pour l’équilibre des comptes, nous n’avons jamais été exemplaires, mais chaque situation réclame des mesures spécifiques. Aujourd’hui, l’urgence, c’est d’éviter une paupérisation excessive de la population. Vendredi dernier, François Fillon insistait sur le fait que la France se défend mieux contre la crise que d’autres pays (par exemple l’Italie, l’Allemagne ou les Pays-Bas). C’est vrai. Mais les souffrances entraînées par le chômage n’en sont pas moins palpables dans tout le pays. Enfin, s’il est logique que les impôts ne soient pas augmentées dans l’immédiat, parce qu’une telle mesure risque de nuire à la consommation, le gouvernement doit admettre qu’il ne financera le chômage en 2010 que par une hausse de l’impôt sur les revenus les plus élevés. C’est non seulement une nécessité économique, mais aussi un juste partage des sacrifices.
UNE HAUSSE DES IMPÔTS SERA INDISPENSABLE L’AN PROCHAIN
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