Il est un peu tard. L’exercice d’Europe-bashing bat son plein. Les partis d’extrême droite sont crédités dans les enquêtes d’opinion de scores impressionnants. Le Front national se présente déjà comme le premier parti de France parce qu’il arriverait en tête du scrutin européen. Jusqu’à la publication de sa tribune, François Hollande a manifestement négligé l’Europe ces derniers temps ; il n’a pas trouvé de consensus avec Angela Merkel ; il était, de toute évidence, trop préoccupé par ses difficultés intérieures, politiques, économiques et sociales. Or il n’y a aucune raison de laisser Marine Le Pen faire campagne sur l’idée que tous les maux de la France viennent de l’Europe et de l’euro. C’est faux et sans doute est-il temps, maintenant, non pas d’opposer au FN le simple credo européen mais de dénoncer point par point, et de façon didactique, les mensonges et illusions qui servent de levier électoral au Front national et à d’autres partis.
Or que se passe-t-il ? Il se passe qu’existe la tentation, dans plusieurs partis, de reprendre à leur compte les idées du Front. Ce fut, en 2012, la très grande faute de Sarkozy qui n’a couru après Marine Le Pen que pour perdre l’élection présidentielle ; c’est aujourd’hui Laurent Wauquiez qui remet en question l’élargissement de l’Union européenne et propose un système encore plus compliqué ; c’est Henri Guaino qui ne veut pas voter pour Alain Lamassoure, tête de liste UMP en Île-de-France ; c’est, à gauche, Arnaud Montebourg qui dénonce tous les jours la parité de l’euro et cultive le protectionnisme ; c’est la centaine d’élus socialistes qui croient que la France n’est contrainte à faire des économies que par soumission à la commission de Bruxelles.
Le chemin de la guerre.
Et que voyons-nous ? Au moment où le chef de l’État écrit, à juste titre, que « sortir de l’Europe, c’est sortir de l’histoire », une forte fraction de la population européenne est séduite par l’intolérance, la haine de l’euro, la solution protectionniste, le retour au nationalisme, le désir d’ériger des frontières. Les peuples ont la mémoire courte. Il suffit d’observer l’Ukraine pour comprendre qu’il est affreusement facile de régler un différend par la guerre civile. Il suffit de se souvenir de l’ex-Yougoslavie qui a explosé en plusieurs nations au lendemain de la chute du bloc soviétique et dont les peuples se sont livré une guerre fratricide. Qui les a tirés de cet horrible conflit, qui a mis fin aux exactions, qui les a contraints à s’amender, à adopter un système démocratique, à laisser la Cour pénale internationale juger les criminels de guerre ? L’Europe, l’UE, qui leur a montré qu’ils n’avaient pas d’avenir économique et social, qu’ils ne sortiraient jamais de leurs batailles et de leur misère, qu’ils ne la rejoindraient jamais, s’ils ne se réformaient pas eux-mêmes.
Oui, la guerre en Europe est encore possible, comme l’Ukraine en témoigne. Et le projet européen, si imparfait qu’il soit, si lent qu’il soit à mettre en place, est le seul moyen d’en écarter la menace. D’après vous, qu’est-ce qu’ils veulent, ces gros bras finlandais ou belges, hongrois ou français, qui prétendent instaurer un nouvel ordre national dans chacune de ces nations lilliputiennes qui perdraient toute influence si elles se repliaient sur elles-mêmes ? Ils veulent en découdre, ils veulent s’imposer par la violence. C’est la très grande responsabilité de l’UMP et du PS de reprendre leurs esprits et de présenter l’Union comme la seule perspective d’avenir.
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