IL NE S’AGIT pas de cas particuliers, mais d’une campagne conduite par le gouvernement qui a superbement réduit les salaires du président de la République et des ministres de 30 %. Sa détermination peut conduire à des situations bizarres puisque l’indemnité de M. Gourgeon, qui, par ailleurs, n’est pas faramineuse, a déjà été versée, qu’elle a été invalidée, mais ne sera pas récupérée. Le gouvernement trouve un fort écho d’approbation chez les actionnaires d’Air France qui ne voient pas pourquoi M. Gourgeon bénéficie de ce qu’ils considèrent comme un coûteux priviliège alors qu’il a laissé Air France dans une situation financière très détériorée par la hausse des prix du carburant et par la concurrence des compagnies aériennes low cost.
Une recette de moins.
Il peut agir avec vigueur dont toutes les sociétés où il possède une partie du capital. En fixant la règle selon laquelle, dans toute entreprise, le plus haut salaire ne doit pas être supérieur de plus de vingt fois au plus petit, il crée un climat où l’ascèse, plutôt que le talent personnel du dirigeant, devient le critère de base.
La « République exemplaire », voulue par le président Hollande, va-t-elle se généraliser ? On peut considérer comme contradictoire une démarche qui taxe à 75 % la partie des revenus supérieure à un million d’euros et s’efforce simultanément de faire verser des salaires largement inférieurs à une telle somme. Le gouvernement, en quelque sorte, se prive d’une recette fiscale. On ignore si M. Hollande a dans la tête un niveau de salaire idéal pour les dirigeants de compagnie, mais il semble que, au-delà de 300 000 euros, ils lui paraissent exorbitants, alors que beaucoup d’entre eux, par exemple le P-DG de EDF, Henri Proglio, touche infiniment plus et que celui de Publicis, Maurice Lévy, vient d’obtenir, juste avant les élections et la victoire des socialistes, une indemnité, prévue par un contrat remontant à dix ans, de 16 millions d’euros.
On ignore par quels moyens de tels pactoles parviennent à échapper à un fisc qui les traque au titre de l’impôt sur le revenu (IR) et de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Il devrait être impossible qu’ils y échappent dès lors que les chiffres circulent dans tous les médias. Et on peut se demander si les patrons de l’industrie n’ont pas intérêt à réclamer des salaires plus bas pour payer moins d’impôts ou tout au moins à trouver le juste équilibre entre les émoluements qu’ils reçoivent et les impôts qu’ils payent. L’action engagée dans ce domaine par le président Hollande n’est pas destinée à augmenter les recettes de l’État, puisque les privilégiés touchant des revenus exorbitants sont extrêmement rares. Elle participe de la « moralisation » de la vie publique, laquelle déclenchera, tôt ou tard, une chasse aux sorcières dont les injustices seront comparables à celle des salaires trop élevés. Aujourd’hui, ce sont les ministres et les hauts dirigeants des grandes sociétés dont l’État est actionnaire ; demain, ce seront les députés et sénateurs, qui bénéficient de diverses indemnités pas toutes utilisées pour la fonction de l’élu. Les membres du Sénat disposent, notamment, d’un fonds de retraite qui s’élève à un milliard d’euros et qui permet aux anciens sénateurs de toucher des pensions sans commune mesure avec celles des retraités moyens.
Si des Françaises et des Français accomplissent de brillantes carrières qui ont exigé d’eux de longues et difficiles études et un engagement sans réserves dans leur travail, les sommets stratophériques de certaines compensations ne peuvent s’expliquer que par la chance. Il a en va de même pour les sportifs qui, alliant force et talent, obtiennent des fortunes mensuelles qu’ils doivent d’abord à un don naturel ou à leurs capacités physiques. Mais jusqu’où cette campagne contre les hauts salaires peut-elle se poursuivre ? Faudra-t-il baisser les revenis des musiciens, des compositeurs, des peintres, des acteurs qui exercent des professions où le résultat le plus fréquent de l’effort est l’échec et l’anonymat ? De quel droit priverait-on un auteur à succès qui gagne des millions d’euros grâce à un best-seller ? Et qu’attend le gouvernement pour mettre un terme à cette immense et coûteuse illusion qu’est la loterie ? Elle ajoute un impôt à ceux que paient les plus pauvres, obsédés par l’espoir d’un enrichissement facile mais très improbable. Le retour de la société française à la vertu n’est pas pour demain.
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