IL N’EST PAS ILLOGIQUE d’exiger des bénéficiaires d’une prestation sociale qu’ils travaillent en échange de ce qu’ils perçoivent. Le RSA, ou revenu de solidarité active, inventé par Martin Hirsch à la belle époque de l’ouverture, n’a pas, cependant, cette vocation. Il permet aux chômeurs qui trouvent un emploi à temps partiel et insuffisamment payé de continuer à toucher une allocation, de manière à les encourager à poursuivre leur recherche d’un emploi mieux rémunéré. Le RSA coûte cher à l’État, une minorité de bénéficiaires en abuse peut-être, mais c’est un instrument remarquable pour mettre fin à la paresse. Que le gouvernement, subitement, lui trouve des effets pervers va à l’encontre de l’esprit même de la disposition.
Un signal à l’électorat lepéniste.
Il est à craindre que la proposition de loi sera effectivement déposée et adoptée par la majorité actuelle. Elle achèvera ainsi ce qu’on pourrait appeler la rupture de l’ouverture, et le coup de barre à droite toute de Nicolas Sarkozy dans une campagne électorale qui ôtera de son bilan les velléités sociales qu’il contenait. D’un côté, le fameux bilan est exalté dans un document que le gouvernement a distribué à quelque 5 000 décideurs ; de l’autre, il veut l’expurger de tout ce qui en faisait le sel, et surtout les avancées.
EN COPIANT L’EXTRÊME DROITE, SARKOZY SE TRAHIT LUI-MÊME
Non seulement, M. Sarkozy s’est affranchi des influences qui s’exerçaient au sein de son gouvernement avec la présence de ministres issus de la gauche, mais il veut « nettoyer » son action passée des mesures sociales qui contrebalançaient les décisions en faveur des foyers riches ou aisés (sauf qu’il ne pouvait les financer). Une fois de plus, la proposition de loi de Laurent Wauquiez n’a pas d’autre but que de lancer un signal tonitruant à l’électorat de Marine Le Pen au sujet des gens sans scrupules qui prennent la Sécurité sociale pour une vache à lait et de ces étrangers qui débarquent en France pour percevoir des allocations.
On s’interrogera à l’infini sur cette stratégie politique qui continue à miser sur un « siphonnage » des suffrages lepénistes au moment où tout laisse penser que c’est l’UMP qui est siphonnée ; sur une forme de radicalisation du programme de la droite classique qui renforce la détermination des centres à se confédérer et à offrir une politique alternative ; sur une façon de perdre son âme en même temps que les chances de vaincre. Les sondages valent ce qu’ils valent mais ils montrent une dégradation de la popularité de M. Sarkozy dont aucun président de la Vè République n’a souffert à ce point. Le chef de l’État s’efforce de lisser son image par des propos de mieux en mieux contenus mais, s’il remplace ses écarts de langage par la brutalité de ses décisions, en chassant sur les terres de l’extrême droite et en essayant de satisfaire ce cinquième de l’électorat qui ne jure que par Marine, il n’offrira jamais qu’un succédané du lepénisme dont le programme grossier et dangereux est non seulement inapplicable mais inimitable.
Jeu dangereux.
Plus M. Sarkozy plaquera les idées de Mme Le Pen sur les siennes, plus il renforcera le centre dans sa détermination à jouer un rôle et à peser sur les politiques publiques. Et plus il accentuera, à son détriment, le clivage droite-gauche, qui n’a jamais été aussi prononcé depuis une vingtaine d’années, parce que la gauche s’est radicalisée mais aussi parce que l’UMP court après le Front national. Certes, l’idée du président est peut-être de déclencher chez ses adversaires une telle colère, une telle aversion pour sa démarche, une telle intolérance pour ses idées, que le calme et froid Dominique Strauss-Kahn ne ferait plus le poids aux yeux des socialistes, qui voudraient alors en découdre et choisiraient un candidat plus violemment opposé à celui de la droite. Ce jeu-là est extrêmement dangereux. Il réintroduirait en France le climat de guerre civile qui y a parfois prévalu, il administrerait une nouvelle preuve du cynisme politique en plaçant la fin au-dessus des moyens, il inciterait enfin la gauche, si elle arrive au pouvoir, à présenter un programme plus radical qui effrayerait nos partenaires européens. Tout se passe comme si, dans la panique créée à droite par des sondages calamiteux, M. Sarkozy, pour ne pas perdre, se croyait désormais autorisé à faire n’importe quoi ; et surtout à se trahir lui-même.
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