CE QUI MANQUE à la Grèce, c’est une réforme fiscale en profondeur qui établisse un cadastre pour recouvrer l’impôt foncier et immobilier, fasse peser l’impôt sur les plus fortunés ^utôt que sur les salariés et les retraités et demande à tous les Grecs sans exception de contribuer au redressement du pays. On est loin de cette Grèce idéale et les élus se sont contentés, une fois de plus, d’accabler les pauvres et les classes moyennes, en attendant les jours meilleurs où les armateurs et l’Église paieront leur écot. Le pays est en récession depuis quatre ans. Il s’appauvrit sans cesse, ce qui exclut le retour à la croissance et donc la création de richesses capables de financer la dette.
Un effort de 130 milliards.
L’effort européen, chiffré à 130 milliards d’euros, est néanmoins considérable. Il en coûtera 100 milliards aux banques privées et compagnies d’assurance européennes qui devront effacer d’un trait de plume les actifs en dette grecque (elles ont commencé à le faire). Cela veut dire que les clients de ces banques pâtiront de la générosité de Bruxelles. Il ne s’agit plus de nombres théoriques et indolores mais de pertes d’actifs qui seront, sont déjà, ressenties par les épargnants européens, détenteurs de comptes rémunérés ou de contrat d’assurance vie. Il n’en demeure pas moins que le sort fait aux Grecs a dépassé les limites du supportable et que le plan européen s’apparente à une torture permanente contre laquelle manifestants et émutiers se sont révoltés et ont mis Athènes à sac. On peut craindre que la dérisoire rémunération de l’emploi en Grèce ne se traduise par une désaffection pour le travail, donc pour la croissance ; que la baisse de tous les revenus accentue la récession ; et on veut espérer que la classe moyenne découvre enfin que son ennemi est moins Bruxelles ou le FMI que les cyniques oligarchies nationales qui n’ont même pas fait mine, par patriotisme, de mettre la main à la poche.
ON NE PEUT PAS APPLIQUER LE MÊME REMÈDE À TOUS LES PAYS DE LA ZONE EURO
Les Européens, de leur côté, ont maintenant le choix entre deux attitudes : ou bien ils se satisfont d’un plan formel qui continuera à semer le chaos en Grèce sans pour autant favoriser le retour aux équilibres budgétaires et financiers ; ou bien, ils vont au-delà des coups de trique qu’ils ont donnés à la Grèce et commencent à se demander si une partie des sommes colossales qu’ils vont verser pour annuler un tiers de la dette grecque ne serait pas plus utile si elle était consacrée à la réindustrialisation du pays, c’est-à-dire à des investissements à long terme.
Il est indéniable que les Européens, en imposant leur plan au gouvernement d’Athènes, ont franchi un obstacle sérieux en écartant la menace d’une faillite de la Grèce qui risquait de faire exploser la zone euro.
On a de bonnes raisons de croire que le calme va revenir sur les marchés européens, où les taux d’intérêt continuent à baisser, ce qui facilite la gestion des dettes souveraines. À remarquer que l’Italie adopte des mesures draconiennes pour assurer son redressement, grâce au président du Conseil, Mario Monti, avec l’aval des parlementaires. Si M. Monti a déclenché, comme tous les gestionnaires rigoureux, l’ire de bon nombre de ses compatriotes, le sentiment général des Italiens est qu’ils n’ont pas vraiment le choix. Ce qui tend à montrer que tous les pays de la zone euro ne sont pas logés à la même enseigne et que ce qui est insupportable en Grèce est possible en Italie, en dépit d’un taux élevé de mécontentement. En Espagne, où le taux de chômage a atteint 22 %, le gouvernement de Mariano Rajoy a décidé de diminuer les indemnités accordées aux chômeurs parce que l’État n’a plus les moyens de les financer : ce qui semble montrer qu’il faut aussi rechercher dans ce pays une solution, différente de la pure austérité, et qui donne une chance à la croissance si Madrid veut créer des emplois.
Il appartient donc aux dirigeants de la zone euro de ne pas appliquer aveuglément les mêmes recettes à tous les pays endettés. Alors que nous entrons dans une campagne électorale tendue et acerbe, il est bon que nous regardions ce qui se passe dans le reste de l’Europe pour panacher nos propres mesures et tenter de réduire nos déficits tout en soutenant la croissance.
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