LE QUOTIDIEN – Au-delà de l’étiquette politique, qu’est-ce qui détermine la popularité des ministres de la Santé auprès des médecins ?
FRÉDÉRIC PIERRU – La politique gouvernementale joue beaucoup dans la cote des ministres.
En 1995-1996, le plan Juppé a causé un traumatisme dans la profession. Tout récemment, l’encadrement des dépassements d’honoraires a jeté le trouble. Les cotes de popularité des ministres dépendent surtout des degrés d’agression et de remise en cause des principes cardinaux de la médecine libérale, la liberté d’installation ou le paiement à l’acte. Le cas de Roselyne Bachelot est très intéressant. À sa nomination, elle a bénéficié d’une cote relativement élevée et de la bienveillance des médecins. Avec la loi HPST puis la campagne de vaccination autoritaire contre l’épidémie de grippe AH1N1, sa popularité est brutalement retombée. Xavier Bertrand a été rappelé pour jouer les pompiers afin de préparer les élections de 2012, restaurer la confiance et réaffirmer le lien privilégié entre le corps médical et l’UMP.
Le fait d’être médecin est-il un avantage pour parler aux médecins ?
Je ne crois pas. Marisol Touraine a bénéficié d’une belle cote de confiance à ses débuts tout comme Xavier Bertrand. Un ministre issu du monde de la Santé n’est pas forcément dans une logique corporatiste. Il est d’abord lié à une équipe gouvernementale, à une discipline politique, à des projets gouvernementaux. Le fait d’être médecin ne suffit pas à créer une relation de confiance. Des ministres issus du monde de la Santé ont pris des initiatives qui allaient à l’encontre de la médecine libérale. D’ailleurs, il n’est pas souhaitable qu’un ministre de la Santé soit forcément médecin. Sinon on mettrait un militaire au ministère de la Défense, un paysan à l’Agriculture et un Enseignant à l’Éducation.
Une chute importante dans l’opinion peut-elle se rattraper ?
C’est compliqué. L’encadrement des dépassements d’honoraires a rencontré l’opposition des syndicats de médecins libéraux et des internes, Marisol Touraine a essayé d’allumer des contre-feux en réaffirmant le principe de la liberté d’installation. Mais quand la défiance est installée, il est difficile de remonter la pente sauf à ne plus bouger. Ce n’est pas souhaitable car cela réduirait la ministre à une certaine impuissance. Elle serait condamnée à camper sur des positions conservatrices pour ne plus heurter les médecins.
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