LE PLAN des néo-rooseveltiens, hommes de gauche français, admirateurs du Parti démocrate de l’avant-guerre, tend à « organiser un nouveau Bretton Woods dès la fin de 2012, mettre fin aux privilèges incroyables des banques privées dans le financement de la dette publique, créer un impôt européen sur les dividendes, lutter contre les paradis fiscaux et agir avec force contre le chômage en négociant en particulier un nouveau partage des gains de productivité colossaux réalisés depuis trente ans ». On remarquera d’abord que « agir avec force contre le chômage » n’est pas une spécifité rooseveltienne et que des centaines de gouvernements à travers le monde s’y essaient avec de médiocres résultats. Il ne fait aucun doute que Franklin Roosevelt, élu en 1932 sur les décombres fumants de la crise de 1929, puis réélu trois fois, a eu pour souci principal de réduire un chômage qui, quand il est arrivé au pouvoir, touchait un quart de la population active. En 1937, soit après quatre années pleines d’exercice, le taux de chômage s’élevait encore à 14 %. Soit, tout de même, une réduction massive de 11 points.
Déjà en 1945.
Mais le plus important, c’est que Roosevelt n’était nullement préoccupé par les déficits publics et la dette. En 1933, la dette américaine s’élevait à 22 milliards de dollars. En 1941, soit avant l’entrée en guerre des États-Unis, elle atteignait 48 milliards (une haussse de plus de 200 %), soit environ 38 % du produit intérieur brut (PIB). Il est indiscutable que Roosevelt a fini par contrôler les banques (grâce au Glass-Steagall Act de 1933, qui interdisait la spéculation au secteur bancaire), qu’il a appliqué des programmes de relance, qu’il a réussi à remettre bon nombre d’Américains au travail et qu’il a mis en œuvre la Social Security (régime de retraite universel). Non seulement il a laissé les déficits budgétaires augmenter pour combattre le chômage, mais l’effort de guerre des États-Unis a ensuite été financé par d’énormes impasses budgétaires. En 1945, la dette atteignant 258 milliards, augmentant en une seule année de 57 milliards, pour un PIB de seulement 223 milliards. Elle représentait 120 % du PIB (100 % aujourdhui).
LE MODÈLE ROOSEVELTIEN N’EST PAS APPLICABLE À LA FRANCE D’AUJOURD’HUI
En d’autres termes, la guerre a plus fait pour le retour de la croissance aux États-Unis que toutes les mesures de Roosevelt. Et la dette a été, à partir de 1945 le moteur d’une croissance qui, avec des hauts et des bas, a été relativement constante jusqu’au choc pétrolier de 1974-75. S’inspirer du modèle rooseveltien, dont on ne sait pas du tout s’il a contribué à lutter contre la crise des années trente, c’est prendre le problème à l’envers. Certes, l’irresponsabilité des banques (aux États-Unis comme en Europe) doit être éradiquée. Certes, il est essentiel de trouver au chômage des remèdes qui ne reposent pas seulement sur une croissance dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle sera insuffisante dans le monde occidental pour les années qui viennent. Mais ce à quoi nous avons affaire en France et en Europe, c’est à une crise de la dette ; c’est elle qu’il faut juguler ; c’est en cessant d’emprunter que nous pourrons la stabiliser, avec l’espoir qu’un minimum de croissance suffira ensuite pour qu’elle pèse moins lourd dans le PIB ; c’est donc la dépense publique qu’il faut diminuer. S’il est possible de transférer une partie des revenus des riches vers ceux des pauvres en renforçant la redistribution chère à la gauche, il ne faut pas, pour autant, augmenter les impôts de telle manière que notre économie passera vite de la stagnation à la récession.
Franklin Roosevelt est un géant parce qu’il s’est dressé avec une énergie sans bornes contre une crise sociale née des folies du capitalisme. Mais l’Amérique de 1933 pouvait soigner ses maux par l’emprunt, et elle l’a fait pendant 12 ans. Jusqu’au moment où Ronald Reagan a lancé la guerre des étoiles qui a mis à genoux le bloc soviétique mais a fait bondir les déficits à des sommets alors inconnus, elle a pu réduire sa dette grâce à la croissance. À partir de 1981, elle est devenue incontôlable. Pour une raison simple : on peut s’endetter quand on n’a pas encore de dettes. Quand on en a beaucoup, il faut y renoncer. La dette américaine et européenne de 2012 est une priorité. C’est en libérant les forces économiques de ce boulet que nous obtiendrons de la croissance, pas en l’alourdissant.
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