L’exposition au bruit représente un « coût social », y compris sanitaire, de 155,7 milliards d’euros par an en France, selon un rapport du Conseil national du bruit (CNB) et de l'Agence de la transition écologique (Ademe). L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le bruit est le deuxième facteur environnemental provoquant le plus de dommages sanitaires en Europe, juste derrière la pollution de l'air, responsable par exemple de 40 000 décès prématurés par an en France.
Pour évaluer plus précisément l'impact du bruit, le rapport*, rendu public le 22 juillet, analyse les coûts sanitaires marchands (maladies, accidents professionnels, hospitalisations, etc.) ou non marchands (pertes d'années de vie en bonne santé, difficultés d'apprentissage, etc.), mais aussi les coûts non sanitaires (perte de productivité, dépréciation immobilière) liés au bruit.
Selon cette étude, les transports représentent le coût social le plus important, avec 106,4 milliards d’euros par an (soit 68,4 % du coût total). Sont concernés les transports routiers (51,8 %), aérien (9,4 %) et ferroviaire (7,2 %). Avec 26,3 milliards d’euros par an, le voisinage correspond à 16,9 % du coût social induit, et comprend le bruit émis par les particuliers (11,4 %), le bruit des chantiers (3,4 %) et le bruit généré dans l’environnement par les activités professionnelles (2,1 %). Le bruit produit par le milieu professionnel compte pour 13,5 % du total, soit 21 milliards d’euros par an.
En milieu hospitalier, un coût estimé à 63,6 millions d’euros
Sur ce dernier point, la situation des hôpitaux est évaluée. En milieu hospitalier, « l’exposition des patients au bruit se traduit, entre autres, par une augmentation du stress et une perturbation du sommeil, une augmentation des délais de récupération et de cicatrisation, ainsi que par des infections postopératoires prolongeant les séjours hospitaliers͘ », est-il rappelé.
Dans le rapport, deux types d’impact sont étudiés : les bruits liés à l’augmentation des infections associées aux soins et les coûts liés au stress et à la perte d’intelligibilité de la parole des soignants à cause du bruit. Pour le premier, l’étude s’appuie sur les données de Santé publique France (SPF) qui estime que 1,64 % des hospitalisations sont associées à une infection associée aux soins qui augmente la durée d’hospitalisation de 7 à 13 jours. Le coût de ces infections associées aux soins liées au bruit est ainsi évalué à 61 millions d’euros chaque année.
Pour le second impact étudié, les auteurs ont mesuré le coût en quantifiant les investissements nécessaires pour réduire le bruit. Alors que l’équipement des unités de chirurgie en appareils de mesure du bruit a montré son efficacité pour faire évoluer les comportements et réduire les nuisances sonores, les auteurs ont posé l’« hypothèse arbitraire » d’un équipement de la moitié des 10 213 blocs du territoire et ont ainsi obtenu un coût de 2,5 millions d’euros.
Ces deux types d’impact représentent ainsi un coût social du bruit en milieu hospitalier de 63,6 millions d’euros par an.
1,2 milliard d’euros supportés par les caisses de l'Assurance-maladie
De manière plus globale, les coûts sanitaires non marchands (perturbations du sommeil, gêne, maladies cardiovasculaires, obésité, diabète, troubles de la santé mentale, etc.) s’élèvent à 134,3 milliards d’euros, soit 86 % du coût social du bruit. Les coûts marchands (maladies professionnelles, accidents du travail, médication et hospitalisation) se montent à 21,4 milliards d’euros, « dont 1,2 milliard d’euros sont supportés par les caisses de l'Assurance-maladie », est-il précisé.
Pour lutter contre ce fléau, le rapport avance l'idée de coupler les mesures contre le bruit à celles contre la pollution de l’air. Quatre exemples de mesures sont analysés et présentent toutes « un ratio très intéressant entre les bénéfices attendus et les coûts investis ». Ainsi, la réduction des vitesses sur les voies rapides aurait un impact sur le bruit et les émissions et afficherait un ratio bénéfices/coûts sur dix ans de 685. Un même co-bénéfice est observé pour la mise en place de zones à faibles émissions (ratio bénéfices/coûts sur quatre ans de 13), l’amélioration de la qualité acoustique des bâtiments scolaires (ratio annuel bénéfices/coûts de 10) et l’application d’une charte « chantier propre » (ratio annuel bénéfices/coûts de 3).
* Dont la réalisation a été confiée au groupement de prestataires I-Care & Consult et Énergies Demain
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque