Menace djihadiste sur la France

État islamique, bourreaux français

Publié le 20/11/2014
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Crédit photo : AFP

L’absence de scrupules, chez l’État islamique (EI), rivalise avec la disparition de toute rationalité. L’otage américain, Peter Kassig, exécuté par EI s’était converti à l’islam. Il se faisait appeler Abdul Rahman. Ancien combattant, il s’était rendu en Syrie en tant qu’humanitaire. Plutôt que d’en faire une victime expiatoire, les hommes d’EI auraient pu essayer de lui faire épouser leur cause. L’atrocité inouïe qu’ils ont commise a certes une signification politique. La décapitation étant leur passe-temps favori, elle avait pour objectif officiel, cette fois, de « punir » l’Amérique parce qu’elle a envoyé des renforts en Irak. Mais les exécutions en masse ont leurs limites. La prochaine fois, les bourreaux djihadistes assassineront peut-être encore plus d’otages, ils finiront par accoutumer les opinions occidentales à leurs effroyables forfaits. Leur violence, leur cynisme, leur cruauté trahissent une faiblesse militaire : malgré leur nombre, malgré les armes qu’ils ont acquises en s’emparant d’un tiers de l’Irak, malgré les sommes abondantes qu’ils ont découvrtes et volées dans les banques irakiennes, ils savent qu’ils ne pourront pas se battre à armes égales avec les Américains. Pour tenter de les démoraliser, ils diffusent des videos de plus en plus horribles. Ce faisant, ils ont fait renaître aux États-Unis un courant interventionniste qui avait tendance à refluer.

Ce qui ne signifie pas qu’il faudrait relativiser leur dangerosité. Étant disposés à mourir à chaque instant, ils sont, de ce point de vue, invincibles. Ils charrient non seulement des dogmes qui ne figurent pas dans le Coran, mais une agressivité qui les rend démoniaques sur le terrain. Ils sont guidés par une philosophie de la mort. Il faut les combattre sans courir le risque de tomber entre leurs mains. Bref, le phénomène EI, ou Daech, ne peut être classé que dans la forme la plus arriérée de l’obscurantisme. Sous couvert de religion, c’est une immense entreprise de déshumanisation.

Soumettre la démocratie.

On est donc surpris que des jeunes gens français puissent être attirés par un groupe aussi répugnant, qui correspond, par certains aspects à une vague réplique du nazisme et qui a, en outre, toutes les caractéristiques de la secte, lavage de cerveau, contrainte imposée aux adhérents de se donner corps et âme, embrigadement conduisant à des actes criminels, sequestrations. Le tout complété par l’exaltation d’une guerre sans scrupules, livrée avec un tel mépris des autres qu’il explique le traitement réservé à des individus qui ne comptent plus en tant qu’hommes. J’ai lu récemment que les islamistes de Daech non seulement violent les femmes yazidis mais torturent les enfants quand ceux-ci implorent leur mère plutôt que Dieu. Qu’est-ce qu’il y a de si insupportable dans un paisible village normand qu’un jeune homme de 22 ans choisisse, avec une conviction inébranlable, de rejoindre de tels monstres ?

L’accablante réalité et que plus de 1 000 hommes et femmes de France sont parties pour le djihad et que, s’ils reviennent, ils ne pourront que faire du prosélytisme à leur manière, en essayant de soumettre la démocratie par la terreur, en brutalisant les gens, en violant les femmes, en assassinant leurs concitoyens. Notre vigilance doit être celle de tous les instants, les contrôles aux frontières multiples, le fichage de ces fous de Dieu aussi complet que possible. Nous avons intérêt à nous unir face à une telle menace, au lieu de nous quereller sur la politique à mettre en œuvre. Le gouvernement gère le danger avec énormément de sérieux, de vigilance et de discrétion. François Hollande a des mots très durs pour toutes les sortes de violence politique. Au moins le chef de l’État ne perd-il pas son temps, comeme d’autres, à essayer de comprendre les frustrations et les motivations de ces malades. Ou d’en faire la psychanalyse.

RICHARD LISCIA

Source : Le Quotidien du Médecin: 9367