En Ukraine, la situation est « similaire » à celle observée en Syrie avec des « populations ciblées et poussées à l’exode », a déploré la Dr Carine Rolland, présidente de Médecins du Monde (MDM), à l’occasion d’une conférence de presse le 7 avril. Présente depuis 2014 dans le Donbass, l’ONG est « fortement mobilisée » sur le terrain depuis les débuts de la crise à l’intérieur du pays mais aussi aux frontières (Pologne, Moldavie et Roumanie).
Alors que l’Organisation mondiale de la santé a confirmé, ce 8 avril, une centième attaque contre des installations ou structures de santé, MDM tente de répondre à l’urgence. Les besoins sont « énormes » et « multiples », de la prise en charge chirurgicale et traumatique à la poursuite des soins pour les malades chroniques, témoigne Irina Maslvoskaya, coordinatrice générale de MDM en Ukraine.
80 000 km2 de territoires minés
Il n’y a actuellement pas de « couloirs humanitaires » pour les villes assiégées comme Marioupol, poursuit-elle. Dans d’autres zones soumises à des « combats intenses » et des bombardements, l’organisation d’une aide humanitaire est « possible » en collaboration avec les ONG locales, mais reste « difficile ». Dans les territoires libérés, notamment à proximité de Kiev, on « découvre des situations dramatiques ». Le pays compte aussi désormais 80 000 km2 de territoires minés, selon les estimations de l’ONU, qui n’est pas encore en mesure d’évaluer le nombre de victimes.
Dans cette situation chaotique et évolutive, MDM a distribué des stocks d’urgence dès le début du conflit. Une des priorités est désormais d’assurer l’approvisionnement pour des médicaments essentiels comme l’insuline ou les traitements anti-cancéreux. Alors que des pharmacies sont fermées, l’enjeu est également de fournir leurs traitements aux malades chroniques isolés. Sur place, « énormément de volontaires » s’organisent ainsi pour « visiter les personnes isolées », raconte Irina Maslvoskaya.
Les nombreux déplacés – plus de 6 millions à l’intérieur du pays et plus de 4 millions à l’extérieur des frontières – font par ailleurs peser une forte pression sur le système de santé « dans un contexte toujours marqué par le Covid », poursuit la responsable de MDM dans le pays. La pression s’exerce aussi sur les pays frontaliers. « La première intervention » est de proposer de bonnes conditions d’accueil, d’« assurer un contact » avec les proches et de « prendre en charge la santé mentale », raconte Cristina Minana Planchart, coordinatrice générale de MDM en Moldavie. L’enjeu pour cette première prise en charge psychosociale, « c’est la langue », ajoute David Annequin, responsable de la cellule urgence.
Un accueil digne pour tous
L’inquiétude de l’ONG porte également sur le plus long terme, alors qu’un « conflit impacte la santé » d’une population en provoquant une « rupture sur tous les soins », rappelle Helena Ranchal, directrice des opérations Internationales. Une guerre, ce sont de jeunes enfants non vaccinés, des femmes enceintes non suivies, des malades chroniques non traités, énumère-t-elle, craignant un « impact sanitaire pour les mois et les années à venir ».
Face à ce drame, l’ONG « salue la volonté européenne et française de proposer un accueil digne aux réfugiés », avec 100 000 places d’hébergement promises, la liberté de circulation, la gratuité des transports et l’ouverture de droits à la santé pour les réfugiés, indique la Dr Rolland, déplorant une « différence de traitement entre réfugiés ukrainiens et non ukrainiens ». « La concurrence des publics existe de fait », même si ce n’est pas assumé, a-t-elle fustigé, dénonçant la « politique de non-accueil » pratiquée « depuis longtemps » en France. À l’inverse, elle appelle à un « réel effort » et un « changement de paradigme » pour un accueil « digne » de tous les réfugiés et une prise en charge en santé mentale, martelant que « quand on veut, on peut ».
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