Des stages obligatoires dans les déserts médicaux ?

En Inde, les internes refusent le service forcé en zone rurale

Publié le 06/11/2014
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Le nouveau ministre de la Santé du sous-continent, le Dr Harsh Vardhan, pourrait céder à la tentation. Il envisage d’inclure dans le cursus des carabins une année obligatoire de stage dans une région sous-dotée.

Le Dr Vardhan a annoncé cette mesure à la fin du mois de septembre, lors d’une réunion présentant le bilan des 100 premiers jours du nouveau gouvernement dans le domaine de la santé. « Nous avons réfléchi à ce problème et nous avons décidé qu’un étudiant en PG post-graduate », qui équivaut plus ou moins à notre internat, ndlr] devra passer un an dans un village », a-t-il précisé dans son discours.

Cette proposition modifie une précédente disposition mal appliquée, stipulant que les étudiants devaient effectuer ce stage à la campagne avant d’obtenir leur MBBS (cousin indien de nos épreuves classantes nationales). D’après le ministre, la difficulté de mise en œuvre tient au fait qu’il est difficile pour les étudiants de travailler en zone rurale tout en préparant leurs examens.

Manière forte

Cette nouvelle initiative est la dernière d’une longue série de tentatives pour « expatrier » les médecins en zone fragile. Elle est critiquée par certains experts : l’un d’eux explique dans le « Telegraph » qu’envoyer de jeunes médecins surqualifiés exercer dans des centres de premier recours en zone rurale serait « gâcher les ressources ».

Mais les principales attaques viennent bien entendu des premiers concernés, les jeunes médecins eux-mêmes. Ils se sont mis en grève en octobre, réclamant le remplacement du service obligatoire en zone rurale par un mécanisme volontaire. Le mouvement a été particulièrement suivi à Hyderabad, dans l’État du Télangana, où le « Times of India » rapporte que l’activité hospitalière a baissé de moitié.

Mais au lieu de tenter un compromis avec les internes en colère, le gouvernement du Télangana semble décidé à utiliser la manière forte : il a annoncé qu’il envisageait de faire intervenir la police pour remettre les récalcitrants au travail. Les médecins en formation grévistes ont été considérés comme absents pendant tout le mois d’octobre : ils ne recevront donc pas de salaire… et devront prolonger leurs études d’un mois.

Adrien Renaud

Source : Le Quotidien du Médecin: 9363