Si la France parvient à remplir les objectifs de l'ONUSIDA en ce qui concerne la mise sous traitement (91 % des patients dépistés sont sous traitement antirétroviraux) et le succès thérapeutique (91 % des patients sous traitement ont une charge virale indétectable), le dépistage reste son talon d'Achille.
En 2014, seulement 85 % des 153 000 personnes vivant avec le VIH étaient dépistées, ce qui signifie que 70 % de l'ensemble des malades ont une charge virale indétectable.
Selon le dernier « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH »), on estime que 25 000 personnes vivant avec le VIH restent non diagnostiquées, dont 70 % d'hommes, 40 % d'hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et 40 % de personnes hétérosexuelles d'origine étrangère. Ces chiffres inquiètent les spécialistes qui voient notamment dans le retard au diagnostic une entrave à l'utilisation du traitement antirétroviral comme moyen de prévention, selon le concept du TasP (Treatment as Prevention).
6 000 nouveaux cas en 2016
« Nous gagnons des points, se réjouit le Pr Alain Sobel Président du Corevih île de France Sud, mais nous devons continuer nos efforts et multiplier les moyens de sensibilisation. » En 2016, le nombre de sérologies VIH a augmenté de 3 %, pour atteindre 5,43 millions, réalisées dans 4 200 laboratoires, selon les données de l'étude LaboVIH publiées dans le « BEH ».
Ce chiffre égale le pic atteint en 2005 (5,44 millions) avec une augmentation plus forte dans les départements d'outre mer. Le nombre de sérologies positives n'a pour sa part pas évolué, un peu plus de 10 000 (dont 10 % ont été confirmées par la suite), et a même tendance à diminuer depuis 2013. Selon l'agence Santé Publique France, le nombre de nouveaux cas en 2016 (à distinguer de celui des sérologies positives) est estimé à environ 6 000, soit le même qu'en 2015, et une diminution de 5 % par rapport à 2013. Plus d'un quart (27 %) a été diagnostiqué à un stade avancé de l’infection et 43 % n’avaient jamais été testés auparavant.
« Il ne suffit donc pas d'accroître le nombre de dépistages pour voir mécaniquement une augmentation du nombre de positifs », analysent Françoise Cazein et col., qui préconisent une intensification du dépistage ciblé, tel qu'il figure dans les nouvelles recommandations de prise en charge du VIH. « La recommandation de tester plus fréquemment les populations exposées préconisées par la HAS devrait, si elle est appliquée, permettre de diagnostiquer davantage de personnes qui ignorent leur séropositivité », ajoutent-ils.
Environ 56 300 tests rapides d'orientation diagnostique ont été réalisés en 2016 avec un taux de positif très élevé : 8,7/1 000. Le dispositif des TROD a pris de l'ampleur mais semble atteindre un palier depuis 2014 tandis qu'une nouvelle forme de dépistage s'est solidement installée dans le paysage français : les autotests.
240 000 autotests distribués en 2 ans
Disponibles depuis septembre 2015 sont désormais bien entrés dans les mœurs : 74 651 autotests ont été vendus en pharmacie en 2016, et 240 000 ont été distribués dans les pharmacies depuis leur début. Selon les résultats présentés par Fabien Larue, directeur de la firme AAZ qui commercialise le seul autotest disponible en France, 7 500 tests ont été vendus en septembre 2017, soit 7 % de plus qu'en septembre 2016.
Grâce au taux de TVA de 5,5 % effectif depuis janvier 2017 et qui a été reconduit pour 2018, le prix des autotests est désormais situé entre 20 et 25 euros selon les pharmacies. « Nous vendons en directement aux centres dépistages, ce qui leur permet de les acquérir pour la moitié du prix distributeur habituel », précise Fabien Larue.
La nécessité d'un dépistage combiné
Dans un éditorial du « BEH », le Dr Éric Billaud (CHU de Nantes, et président COREVIH Pays de la Loire) et le Dr Anne Simon (Pitié-Salepêtrière, AP-HP) soulignent que « le dépistage de l'infection à VIH doit être combiné à celui des IST et renouvelé dans les populations exposées [...] ce dépistage combiné devrait être promu et soutenu auprès des associations. »
Ce constat est renforcé par l'augmentation des coïnfections VIH/IST constatés par Florence Lot (agence Santé Publique France de Saint Maurice) et ses collègues. Les coïnfections représentaient 17,5 % des nouvelles infections par le VIH en 2016 contre 12,7 % en 2012, avec une large prédominance du couple VIH/syphilis.
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