L’ÉQUATION a la complexité du labyrinthe existentiel de la gauche : premièrement, DSK n’a pas le droit de s’exprimer ; deuxièmement, Anne Sinclair, quant à elle, est libre de dire ce qu’elle pense ; troisièmement, comme la cote de popularité du directeur du FMI commence à baisser, il était urgent et utile de galvaniser ses partisans ; quatrièmement, dès lors qu’il est difficile de croire que Mme Sinclair s’exprime sur un sujet hautement national sans l’approbation préalable de DSK, la déclaration de l’épouse peut être considérée comme celle de l’époux. Solution de l’équation : DSK sera candidat.
Le FMI devient un handicap.
Bonne et mauvaise pioche. L’ancien ministre de l’Économie enchante ses partisans, mais indigne le clan de Martine Aubry, qui se trouvait au Forum social de Dakar où elle s’apprêtait à prononcer un grand discours, passé inaperçu, et où elle elle s’est déclarée altermondialiste, confirmant la radicalisation croissante de sa philosophie. François Hollande, le candidat « tranquille », qui ne veut pas courir comme le lièvre mais partir à point comme la tortue, fait remarquer que, en ce qui le concerne, il n’a pas besoin de porte-voix conjugal. Bref, le suspense est relancé, mais les primaires sont noyées dans le chiaroscuro. Tout compte fait, on ne sait pas vraiment où on en est : après tout, Anne a peut-être pour Dominique des ambitions que lui-même ne nourrit pas.
SI ANNE SINCLAIR DOIT ÊTRE PRISE AU SÉRIEUX, DSK EST BEL ET BIEN CANDIDAT
M. Strauss-Kahn n’est pas le seul responsable de cette situation irritante créée par l’interdiction qui lui est faite de s’exprimer. Plus il est contraint de procéder par touches légères et presque immatérielles, plus il apparaît comme un homme incapable de se décider, qui a l’immense privilège de l’embarras du choix entre deux fonctions suprêmes, dont le comportement n’est pas transparent et qui traite les citoyens dont il sera amené à solliciter les suffrages avec une arrogance qui ne sied guère à l’humilité exigée des candidats.
Il dispose d’atouts considérables : une popularité légèrement en baisse mais quand même très élevée ; la compétence qui lui est reconnue en matière économique et financière (il serait le meilleur gestionnaire possible de notre dette publique) ; une personnalité capable, au second tour, d’attirer sur son nom les voix du centre et une partie des voix de la droite ; un adversaire, Nicolas Sarkozy, très affaibli par ses erreurs de gestion et de communication. Il est grevé néanmoins par son aversion apparente pour le combat politique, toujours féroce, parfois vulgaire, et on ne voit pas comment il saurait se défendre contre les coups de boutoir de Jean-Luc Mélenchon qui l’a déjà traité d’« affameur des peuples », contre les critiques d’un Benoît Hamon, qui passe son temps à gauchir le PS, contre les attaques éventuelles d’une Ségolène Royal qui se souvient avec amertume que sa candidature de 2007 a été accueillie par le mépris de DSK, contre les manœuvres « bolcheviques » de Martine Aubry qui tisse sa toile avec entêtement et patience et ne manquera pas de démontrer que DSK n’est pas un socialiste authentique.
Le point fort de DSK.
Dominique Strauss-Kahn est le meilleur candidat des Français, pas celui des socialistes. Or il doit passer par le sas des primaires, sauf à présenter une candidature indépendante à la dernière minute, ce qui serait aussi dangereux ou téméraire que de se plier à la discipline du PS. Cependant, si on admet que les déclarations d’Anne Sinclair donnent le coup d’envoi de sa candidature, cela ne peut signifier qu’une chose : qu’il a fait ses choix, qu’il a déjà coupé les ponts avec le FMI, qu’il s’engage. Dans ce cas, est-il nécessaire qu’il gagne encore du temps ? Ne devrait-il pas démissionner tout de suite du FMI ? Et puisque la conquête de la gauche est plus difficile que celle du pouvoir, ne doit-il pas s’atteler dès maintenant à la tâche la plus pénible, donner des coups, en prendre et se fortifier dans la bataille ? En dépit de quelques certitudes très rassurantes pour lui sur sa capacité à l’emporter, il affronte au moins une inconnue : le sort que lui réserveront les socialistes. Seule l’annonce de sa candidature lèvera le voile et montrera si elle lui apporte des ralliements en nombre. La force de DSK, c’est qu’il est vraiment celui qui a le plus de chances de l’emporter contre Nicolas Sarkozy. Or les électeurs de gauche n’exigent pas seulement des changements profonds de politique économique et sociale, ils veulent croire que l’alternance, au bout de dix ans, est encore possible.
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