C'est un hors-série étoffé que consacre cette année le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) aux recommandations aux voyageurs. « Ce n'est pas un handicap, écrivent dans l'éditorial Daniel Camus et Christian Chidiac, du Haut Conseil de la Santé publique. Car il doit être considéré comme un outil de travail qui se consulte tant que de besoin ».
Si le texte est en accès libre, il est spécifié que l'ouvrage est « destiné à un public médical (...) capable d'adapter les recommandations à chaque voyageur et à chaque voyage, qui sont autant de cas particuliers ».
Encéphalite et fièvre jaune
Les recommandations sont plus détaillées pour l'encéphalite japonaise (EJ) et la fièvre jaune (FJ). Pour l'EJ, la carte des zones d'endémie a fait place à un tableau définissant les zones à risque et les saisons de transmission, « afin d'étayer la décision vaccinale », est-il écrit. Pour la FJ, les choses se complexifient également avec 16 situations différentes de prescription de la vaccination (risques de transmission, obligation en fonction de la provenance, escales, âge). La carte d'endémicité a été remplacée par un tableau par pays, « précisant pour chacun l'exposition au risque et les obligations réglementaires », est-il écrit.
Paludisme, évaluer le risque
Pour le paludisme, la plupart des cas (90 %) sont enregistrés dans la région Afrique de l'OMS, loin devant la région Asie du Sud-Est (7 %) et la région Méditerranée orientale (2 %). La chimioprophylaxie n'est plus indiquée dans les zones à faible risque d'Asie et d'Amérique tropicales, mais la protection personnelle antivectorielle (PPAV) contre les moustiques « demeure plus que jamais recommandée », insistent les infectiologues.
Le risque de transmission du paludisme s'évalue en fonction du continent et des zones visitées, mais pas que. D'autres paramètres sont à prendre en compte : la saison, l'altitude, la durée du séjour, de la nature urbaine ou rurale de l'hébergement. Deux profils distincts de voyageurs se distinguent : profil de séjour « conventionnel » (séjour < 1 mois, en zone urbaine et/ou en condition satisfaisante d'hébergement), profil de séjour « non conventionnel », notamment effectué par des routards, militaires, humanitaires, scientifiques (séjour > 1 mois, périple en zone rurale, hébergements précaires).
En cas de risque élevé d'impaludation (Afrique subsaharienne, Papouasie), la chimioprophylaxie est toujours nécessaire. Quel que soit le niveau de transmission, certains voyageurs doivent être considérés à risque de paludisme grave : femmes enceintes, nourrissons et jeunes enfants (moins de 6 ans), personnes âgées, patients infectés par le VIH ou aspléniques.
Concernant les répulsifs, il est précisé que la durée de protection varie de 4 à 8 heures, selon la nature de la substance active et les conditions d'utilisation (sudation, température, humidité…). L'application doit être renouvelée après une baignade, dans la limite du nombre d'applications indiqué. La crème solaire doit toujours être appliquée avant le répulsif, avec un délai de 20 minutes entre les deux (diminution d'efficacité de la crème solaire). « Il est judicieux d'utiliser une crème solaire d'indice de protection élevée », est-il précisé.
Antibiothérapie des diarrhées
Pour les diarrhées, la prévention de la déshydration est primordiale. Les antidiarrhéiques ne doivent pas être utilisés en cas de diarrhée glairo-sanglante et/ou fébrile. Dans les formes cliniques modérées ou graves, une antibiothérapie probabiliste sur place expose à un risque élevé d'acquisition d'un portage de bactérie multirésistante (BMR). De ce fait, elle n'est recommandée qu'en cas de syndrome dysentérique (diarrhée glairosanglante fébrile, T° ≥ 38°5) en l'absence de possibilité de consultation rapide. Le choix se portera alors sur une fluoroquinolone (3 à 5 jours) ou l'azithromycine (1 jour) en cas de contre-indication ou de séjour en Asie.
Au retour de voyage, le traitement de première intention des diarrhées du voyageur est une fluoroquinolone (3 à 5 jours), sauf en cas de contre-indication ou de séjour en Asie (azithromycine 1 jour).
Des règles strictes pour les médicaments
Sur le volet des médicaments, pour un déplacement dans l'espace Schengen, il est recommandé de voyager avec l'ordonnance avec la quantité inscrite (maximum 3 mois). Pour les médicaments stupéfiants ou psychotropes, une demande spécifique d'autorisation est impérativement requise (auprès de l'ARS ou de l'ANSM) pour les pays de l'espace Schengen. Pour les pays hors espace Schengen, chaque patient doit se renseigner auprès de l'ambassade ou du consulat en France du pays de destination. Pour les stupéfiants, consulter le site de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS).
Un volet a été introduit pour les jeunes filles mineures au sujet du risque de mutilation sexuelle ou de mariage forcé lors du séjour. Les médecins ont leur rôle à jouer : savoir identifier les situations à risque et informer les familles « sur la gravité et l'interdit juridique de ces gestes, qui sont passibles d'amende et d'emprisonnement en France », est-il souligné. Renseignements au numéro vert 3919 ou sur le site web : www.stop-violences-femmes.gouv.fr.
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