Décès du Pr Gabriel Richet, un des créateurs de la néphrologie moderne

Publié le 14/10/2014

Le Pr Gabriel Richet est décédé le 12 octobre dernier à l’âge de 97 ans. L’Académie nationale de médecine dont il était membre depuis 1980 a salué la mémoire de celui qui, avec Jean Hamburger, a créé à Necker en 1950 le premier service français de néphrologie.

Issu d’une lignée illustre de médecins – son grand père Charles Richet a reçu le prix Nobel en 1913 pour la découverte de l’anaphylaxie –, Gabriel Richet a 23 ans lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate et vient juste d’être reçu à l’internat des hôpitaux de Paris. Comme toute sa famille – son père et son frère, notamment, seront déportés à Dachau et à Dora –, il participe à la lutte contre l’occupant. À la libération, il s’engagera comme médecin des commandos de France auprès du général Leclerc dans les combats à Strasbourg et à Colmar. Il sera décoré de la Légion d’honneur par le général de Gaulle en 1945.

Rencontre avec Jean Hamburger

Après la guerre, sa rencontre avec Jean Hamburger, dont il restera l’adjoint pendant une décennie, infléchira sa carrière de médecin. Il participe à tous les travaux qui font la renommée mondiale du service. « L’esprit scientifique qui régnait à Necker, la connaissance de la littérature épluchée en commun et sans arrêt consultée, la venue d’externes, d’internes et de jeunes collègues étrangers de qualité, ainsi que la création d’une unité de dialyse par le rein artificiel pour le traitement de l’urémie aiguë fit de ce service l’un des centres de référence en Europe occidentale », expliquait-il dans un entretien accordé en septembre 2004. En 1952, il effectue une transplantation rénale de mère à fils qui s’est finalement soldé par un rejet mais qui a contribué à la réputation du service. En 1954, après un séjour de deux mois à Boston (États-Unis) pour apprendre à maîtriser le rein artificiel, il traite pour la première fois par dialyse un patient atteint d’insuffisance rénale aiguë. Dès 1955, il conceptualise avec Jean Hamburger et Jean Crosnier la notion de réanimation médicale, c’est-à-dire de correction des grandes fonctions métaboliques, une notion qui sera ensuite étendue avec succès à d’autres disciplines et ouvrira la voie à un nouveau secteur : les soins intensifs.

L’école de néphrologie de l’hôpital Tenon

Après sa collaboration avec Jean Hamburger, il décide, à 44 ans, de voler de ses propres ailes. C’est à Tenon qu’il va créer un centre de néphrologie clinique et de recherche qui lui permettra de fonder une grande école de néphrologie. Il amène avec lui Raymond Ardaillou et Claude Amiel et Liliane Morel-Maroger, ses assistants auxquels se joindront plus tard Françoise Mignon, Jean-Daniel Sraer, Pierre Ronco et Éric Rondeau. Le Pr Gabriel Richet s’est entouré de sa propre équipe en laissant « toujours à ses élèves une grande liberté dans leurs sujets de recherches », soulignent aujourdhui les Prs Raymond Ardaillou, secrétaire perpétuel de l’Académie de médecine, Pierre Ronco, membre de l’Académie (université Pierre-et-Marie-Curie, directeur de l’unité INSERM 1155, hôpital Tenon) et Éric Rondeau (université Pierre-et-Marie-Curie, directeur de l’unité INSERM 1155, hôpital Tenon). À Tenon, où il restera 24 ans jusqu’à sa retraite en 1985, « il a laissé en héritage deux services de néphrologie, un service d’explorations fonctionnelles, une unité INSERM, sans compter tous les services de néphrologie de Paris et de province dirigés par ses élèves », affirment ces derniers qui, dans leur hommage, saluent « un des géants de la néphrologie mondiale ». Le Pr Gabriel Richet a été membre fondateur de la Société internationale de néphrologie, secrétaire général du premier Congrès mondial de néphrologie à Genève et Evian en 1960 et président de la Société Internationale de néphrologie de 1981 à 1984.

Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr