La consommation de médicaments antidiabétiques et cardiovasculaires (notamment des statines) a marqué une nette hausse début 2021, une augmentation qui concerne particulièrement les prescriptions pour de nouveaux patients, selon une étude publiée jeudi par l'Assurance-maladie et l'Agence du médicament (ANSM).
Ces augmentations peuvent s'expliquer par une moindre activité physique et sportive, la prise de poids observée dans la population et une alimentation perturbée, liées à la succession de restrictions (limitations de déplacement, couvre-feux…) imposées pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, relèvent l'ANSM et la CNAM.
Cette étude, qui décrit l'évolution de la consommation de médicaments remboursés entre le 16 mars 2020 et le 25 avril 2021, est le 6e volet publié par le groupement Epi-Phare depuis le début de l'épidémie.
Un niveau inédit pour les statines
Depuis le début de l'année, les ventes d'antidiabétiques et de statines (contre l'excès de cholestérol) sont nettement supérieures au niveau attendu (estimé à partir du niveau de 2018-2019) : de 4,4 % et 5,7 % respectivement. La différence s'est accentuée en avril avec des niveaux supérieurs de 5,8 % et 6,3 % à ceux attendus.
Cette augmentation concerne « tout particulièrement les instaurations » de traitement (nouveaux patients) : sur les quatre premiers mois de 2021, elles sont supérieures de 14,7 % au niveau attendu pour les traitements contre l'hypertension, de 11 % pour ceux contre le diabète. La hausse est même de 24 % pour les statines, un niveau « inédit », constate Alain Weill, directeur adjoint d'Epi-Phare, y voyant « une conséquence indirecte de la crise sanitaire ».
Sur le plan psychiatrique, l'augmentation de l'usage des tranquillisants, des somnifères et des antidépresseurs s'est amplifiée début 2021 avec des délivrances en pharmacie supérieures de 5 % à 13 %, selon les médicaments, et des instaurations de traitements à la hausse, supérieures de 15 % à 26 % au niveau attendu. Cette augmentation « reflète l'impact psychologique important de l'épidémie de Covid-19 et de ses conséquences sociales, professionnelles et économiques », jugent les auteurs.
Depuis le début du premier confinement en mars 2020, on observe une augmentation de 1,9 million des prescriptions d'antidépresseurs, de 440 000 d'antipsychotiques, de 3,4 millions de tranquillisants et de 1,4 million de somnifères, par rapport au niveau attendu.
Vaccinations en baisse
« Autre tendance inquiétante » : la vaccination des enfants (dont celle des nourrissons nés en 2020-2021) et adolescents « a continué d'enregistrer un fort déficit qui s'est même accentué durant les quatre premiers mois de cette année ».
Par ailleurs, l'étude montre une augmentation de l'utilisation des produits indispensables pour diagnostiquer et suivre des cancers ou des maladies graves (coloscopies, scanners, IRM). Mais, « pas suffisante pour rattraper les retards importants » de 2020.
La « baisse spectaculaire de la prescription d'antibiotiques s'est poursuivie en 2021 » en lien avec la diminution des infections (hors Covid) consécutive probablement à la distanciation sociale et au port du masque : un quart (24,8 %) des traitements antibiotiques habituels n'a pas été prescrit (moins 4,7 millions de traitements).
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