Après Merck pour son molnupiravir, Pfizer a signé ce 16 novembre un accord de licence volontaire avec la Communauté de brevets sur les médicaments (MPP), créée par Unitaid, afin de diffuser son antiviral oral Paxlovid au-delà des pays riches.
Selon les premiers résultats communiqués le 5 novembre, ce comprimé, association d'un inhibiteur de protéase développé par le laboratoire spécifiquement contre le SARS-CoV-2 (PF-07321332) avec de faibles doses de ritonavir pour une demi-vie plus longue, permettrait de réduire de 89 % le risque d'hospitalisation ou de décès chez les adultes présentant un risque élevé de développer une forme grave de la maladie.
95 pays concernés
Comme pour son concurrent, l'accord prévoit l'octroi d'une licence par Pfizer au MPP qui accorde ensuite des sous-licences aux fabricants de génériques. Ces derniers « pourront fournir le nouveau médicament en association avec le ritonavir à 95 pays, couvrant jusqu'à environ 53 % de la population mondiale », a précisé un porte-parole d'Unitaid, Hervé Verhoosel.
L'accord inclut tous les pays à revenu moyen inférieur et inférieur et les pays à revenu moyen supérieur d'Afrique subsaharienne, ainsi que les pays à revenu moyen supérieur qui ont accédé à ce statut au cours des cinq dernières années, a précisé Hervé Verhoosen.
Pfizer ne recevra pas de redevances sur les ventes dans les pays à faible revenu et renoncera en outre aux redevances sur les ventes dans tous les pays couverts par l'accord tant que le Covid-19 restera classé comme une urgence de santé publique de portée internationale par l'Organisation mondiale de la santé.
L'arrivée du Paxlovid sur le marché ne sera pas immédiate. Si les résultats prometteurs sont confirmés, sa disponibilité « sera une question de mois, pas d'années mais pas de semaines non plus », a souligné Esteban Burrone, responsable de l'élaboration des politiques à la MPP, auprès de l'AFP.
Pfizer a par ailleurs demandé une autorisation de mise sur le marché en urgence auprès de l'agence américaine des médicaments (FDA) pour le Paxlovid. Le gouvernement américain prévoirait d'acheter 10 millions de traitements, selon le Washington Post. Le molnupiravir de Merck lui, est déjà autorisé en Grande-Bretagne. Un comité de la FDA doit se réunir le 30 novembre pour se prononcer sur la demande d'autorisation du traitement de Merck aux États-Unis, alors que Washington a déjà acheté 3,1 millions de traitements au laboratoire.
MSF découragé
Autre son de cloche du côté de Médecins sans frontières, qui se dit « découragé » par l'accord de licence volontaire très limité, et plus largement, par la stratégie globale de Pfizer. Si le prix du Paxlovid n'a pas été dévoilé, il devrait être similaire à celui du molnupiravir de Merck, c'est-à-dire 700 dollars (619 euros) par dose dans les pays à hauts revenus. Pour les autres pays, Pfizer s'est engagé à adapter les prix en fonction du revenu de chaque pays. « Or nous savons d'expérience qu'un tel mécanisme est complexe, qu'il laisse le pouvoir de décision aux mains de l'industrie pharmaceutique, et qu'il a pour conséquence une augmentation des prix dans plusieurs pays », analyse Yuanqiong Hu, conseillère pour MSF.
Quant à l'accord de licence volontaire, il exclut des pays avec d'importantes capacités de fabrication de génériques, comme l'Argentine, le Brésil ou encore la Chine, la Malaisie et Thaïlande, et contribue à segmenter la production - « ce qui est davantage un problème qu'une solution », dénonce MSF. Qui plaide encore et toujours pour des prix des médicaments proches des coûts de production.
Selon une récente étude de la People's Vaccine Alliance, Pfizer, BioNTech et Moderna engrangent un profit combiné (avant impôts) de 65 000 dollars (57 500 euros) par minute grâce à leurs vaccins contre le Covid-19.
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