Le laboratoire américain Merck prévoit de demander prochainement aux États-Unis l'autorisation de commercialiser le molnupiravir, une pilule qui, selon les résultats intermédiaires de phase 3, réduit par deux les risques d'hospitalisation et de décès des patients atteints de formes légères ou modérées du Covid-19.
Merck a précisé ce 1er octobre vouloir déposer un dossier auprès de l'agence américaine des médicaments, la FDA, « aussi rapidement que possible », sans donner plus de précisions. Anthony Fauci, le conseiller de la Maison Blanche sur la crise sanitaire, a déjà estimé que les données de l'essai clinique étaient « impressionnantes ». L'intérêt du molnupiravir consiste surtout dans sa facilité d'administration, alors que les traitements anti-Covid actuels comme les anticorps monoclonaux ou le remdesivir de Gilead sont administrés par intraveineuse (la plupart du temps, à l'hôpital).
Résultats prometteurs
L'essai clinique de Merck et son partenaire Ridgeback Biotherapeutics a été mené sur 775 personnes avec des cas légers à modérés de Covid-19 et au moins un facteur de risque aggravant. Elles ont reçu le traitement dans les cinq jours après les premiers symptômes.
Le taux d'hospitalisation ou de décès chez les patients ayant reçu le médicament a été de 7,3 %, contre 14,1 % chez ceux ayant eu un placebo, à un mois.
Aucun décès n'a été constaté chez les personnes traitées avec le molnupiravir, contre 8 dans le deuxième groupe.
Les résultats étaient suffisamment convaincants pour qu'un comité indépendant de surveillance des données, en consultation avec la FDA, décide d'arrêter l'essai prématurément, ses membres considérant qu'il serait contraire à l'éthique de continuer à donner un placebo à certains malades. Cet arrêt signerait un « tournant dans la lutte contre le Covid », a commenté Éric Topol, directeur de l'institut de recherche translationnelle Scripps. « Le molnupiravir semblait prometteur en laboratoire ; le véritable test consistait à déterminer s'il présentait des avantages chez les patients. De nombreux médicaments échouent à ce stade, donc ces résultats intermédiaires sont très encourageants », a salué Peter Horby, professeur à l'université d'Oxford, dans un message cité par l'organisme britannique Science Media Centre.
« Ce sont des résultats prometteurs pour un traitement antiviral oral. Toutefois, pour l'instant, il s'agit d'un communiqué de presse, et il faut regarder les résultats de plus près pour se prononcer », a commenté le Pr Yazdan Yazdanpanah, membre du Conseil scientifique Covid-19, auprès du « Quotidien ». « Si ces résultats venaient à être confirmés, il faut probablement prescrire ce traitement à des patients à risque d'évolution vers une forme sévère, et dans les cinq jours suivant l'apparition des symptômes. Ce pourrait être le premier traitement anti-Covid accessible à la prescription de ville », a-t-il ajouté, prévoyant le cas échéant « un impact très important ».
« Ce n'est pas un médicament miracle, mais un outil pour accompagner la vaccination », a nuancé de son côté sur Twitter Peter Hotez, professeur au Baylor College of Medicine de Houston au Texas. Parmi les réserves qui émergent : la crainte de l'apparition d'une résistance au médicament, s'il est largement utilisé.
Dix millions de traitements d'ici la fin de l'année
Merck a commencé la production de molnupiravir à grande échelle et prévoit de fabriquer les doses nécessaires pour 10 millions de traitements d'ici à la fin de l'année.
Le groupe a déjà passé des accords avec certains gouvernements, dont les États-Unis qui ont prévu d'en acheter 1,7 million si le molnupiravir est approuvé. Unitaid, agence internationale chargée de centraliser les achats de traitements, a indiqué être en train de chercher à sécuriser des doses pour des pays à niveau de vie faible ou moyen.
D'autres laboratoires travaillent aussi sur des médicaments antiviraux pour les stades précoces de la maladie, comme Roche en partenariat avec Atea Pharmaceuticals, ou Pfizer.
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