On lui avait reproché de jouer les croque-morts en égrainant la litanie des morts lors du premier confinement : le Directeur général de la santé (DGS), le Pr Jérôme Salomon, a opté pour la carte de la pédagogie, ce 28 octobre, en présentant la situation épidémiologique du Covid-19 en France, alors que le président de la République doit annoncer à 20 heures de nouvelles restrictions pour tenter d'endiguer la deuxième vague de Covid-19.
Le Pr Salomon a présenté très peu de chiffres, donc, mais des courbes qui toutes augmentent, qu'il s'agisse du taux d'incidence nationale (près de 400 pour 100 000 habitants, alors qu'il était à peine de 60 fin août), du nombre quotidien d'entrées en réanimation (plus de 400 au 25 octobre, soit deux fois plus en une semaine) et d'hospitalisations (jusqu'à 3 000 au 25 octobre).
« L’ensemble de l’hémisphère nord est confronté à une vague importante, et l'Europe* est l'épicentre de la pandémie, selon l'Organisation mondiale de la santé, a déclaré le Pr Salomon. La deuxième vague pourrait être équivalente, voire supérieure à la première vague du printemps, selon les scientifiques ». Et d'insister sur la nécessité d'anticiper « cette vague très importante » qui nous guette d'autant plus que les indicateurs épidémiologiques souffrent par nature d'un léger décalage temporel. Ce qui au passage ne permet pas d'évaluer encore l'impact des récentes mesures de couvre-feu.
Déjà 19 patients transférés d'une région à une autre
Le DGS a assuré que la mobilisation était à son comble, à l'hôpital comme en ville, se traduisant notamment par des coopérations entre « public et privé, petits et grands établissements, au sein d'une région, et entre régions ». Ainsi, déjà 19 patients ont été transférés à ce jour, de l'Est de la France (Provence-Alpes-Côte d'Azur et Auvergne-Rhône-Alpes) à l'Ouest (Bretagne et Pays de la Loire). Les étudiants, la réserve sanitaire, la sécurité civile ou encore les personnels du ministère des armées sont aussi sur le pont, a-t-il ajouté.
Évitant les discours culpabilisateurs, le Pr Salomon a insisté sur l'importance des gestes barrières (en saluant leur appropriation par les Français). « Nous sommes tous une partie de la solution », a-t-il lancé. Il a en particulier redit l'importance du lavage des mains, et mis en avant trois nouveautés : limiter ses contacts à six personnes, aérer les intérieurs trois fois dix minutes par jour, et utiliser TousAntiCovid, la nouvelle version de l'outil de traçage numérique. « Il faut mettre en œuvre ces gestes barrières dans la sphère intime », a exhorté le Pr Salomon, tout en assurant prendre note des enseignements du premier confinement : les liens entre personnes âgées et leurs proches et familles ne seront pas coupés, a-t-il promis.
La DGS semble aussi s'appliquer à elle-même les critiques formulées à l'encontre de sa communication. « Les points quotidiens ne permettaient pas de retenir des informations pratiques, alors qu’elles auraient pu être l'occasion de diffuser des recommandations simples », expliquait le Pr Yves Buisson, président de la cellule Covid-19 de l'Académie de médecine dans nos colonnes le 23 octobre dernier. Reste à savoir si cette nouvelle stratégie suscitera l'adhésion des Français aux dispositifs qu'Emmanuel Macron dévoilera ce soir.
*L'Europe recenserait plus de 220 000 nouvelles contaminations quotidiennes en moyenne durant ces sept derniers jours, soit une augmentation de 44 % par rapport à la semaine précédente, et déplorerait près de 2 000 décès quotidiens (versus 4 000 en avril), selon l'AFP.
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