Deux campagnes de dépistage massif ont débuté ce 14 décembre, à la veille du déconfinement, dans les agglomérations du Havre et de Charleville-Mézières. « Ces opérations sont autant un moyen de limiter la propagation du virus dans les collectivités concernées qu'un levier d'expérimentation de notre stratégie "tester-alerter-protéger" », expliquait jeudi dernier le ministre de la Santé, Olivier Véran.
À l’étranger, les opérations de dépistage massif ont visé l’« élimination de la circulation du virus quand celle-ci est très basse » à l’instar des expériences chinoises, ou bien la diminution de la « circulation du virus pour en reprendre le contrôle » comme à Liverpool, a rappelé un récent avis du conseil scientifique sur les possibilités ouvertes par l’arrivée des tests antigéniques.
En déplacement au Havre, ce matin pour le lancement, le ministre a jugé ce type d’opération « décisive à terme ». Le dépistage massif doit permettre « d'identifier les personnes susceptibles de transmettre le virus, si des personnes se savent positives elles vont devoir protéger les autres » en s'isolant, a-t-il indiqué.
Dans les Ardennes, l’opération est déployée jusqu'à samedi dans les agglomérations d'Ardennes Métropole, dont Charleville-Mézières et Sedan sont les plus importantes. Un bassin de population d'environ 130 000 habitants est ainsi ciblé. Deux autres campagnes sont prévues du 21 au 23 et du 28 au 30 décembre.
Un accent mis sur l'isolement
Le dispositif s’appuie d'abord sur les professionnels de santé (médecins, pharmaciens, infirmiers). « Notre mission est notamment d’inciter nos concitoyens à se tourner vers les professionnels qui ont leur confiance », indique au « Quotidien » le maire de Charleville-Mézières, Régis Ravignon. Le dépistage pourra également être réalisé dans les entreprises et dans l'un des huit centres ouverts temporairement dans des gymnases de la ville.
« Les retours sur les opérations de "mass testing" montrent un taux de participation autour de 10 à 15 % de la population, poursuit Régis Ravignon. Nous espérons réaliser le plus de dépistages possible. L’ARS dispose d’une quantité de tests suffisante pour couvrir 40 % de la population et le dispositif reste adaptable en cas de besoin ».
Pour cette opération, l’accent est mis sur l’accompagnement à l’isolement des cas positifs, une « condition essentielle de réussite du dépistage », insiste l’élu, avec notamment des chambres d’hôtels réservés dans le cadre d'une convention entre les hôteliers et l'État. La Croix-Rouge assurera des livraisons de nourriture et un suivi psychomédical. Dans les quartiers populaires de la ville, des masques seront également distribués gratuitement.
Pour mobiliser la population, la municipalité a lancé une campagne de communication sur les réseaux sociaux avec des « figures du sport et de la culture », indique le maire, mais aussi par des affichages sur le territoire et des encarts dans la presse locale.
Un début de campagne timide au Havre
Au Havre, ce sont les 270 000 habitants de la communauté urbaine qui sont ciblés. Le dispositif n’a pas entraîné d’affluence le matin de son lancement, selon les observations de l’AFP, alors que plus de 50 sites ont ouvert jusqu'à samedi dans les pharmacies, laboratoires et cabinets médicaux, ainsi que 20 centres éphémères pouvant accueillir plusieurs centaines de personnes par jour.
« Si on testait 50 % de la population, je serais le plus heureux des hommes ! Nous serons sans doute en dessous », a anticipé Édouard Philippe, la veille de l’opération dans un entretien au « JDD », précisant que le dépistage se réalise « sans rendez-vous et gratuitement, avec un résultat dans la demi-heure ».
Le bénéfice de ces opérations, ainsi que des deux autres prévues en janvier à Roubaix et Saint-Étienne, est encore mal connu. Le Conseil scientifique a rappelé l’« impact incertain » d’un dépistage de masse sur la circulation du virus : « En l’état, le bénéfice (…) n’est pas encore établi », jugeait-il mi-novembre. Ces campagnes auront ainsi valeur d’évaluation de leur impact sur l’épidémie.
Le ministre a par ailleurs rappelé la semaine dernière que les tests ne constituaient pas « un totem d’immunité », en insistant sur le nécessaire maintien des gestes barrières afin de ralentir la propagation du virus.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité