L’AMBITION de Jean-Marc Ayrault est de lutter contre le fléau de la pauvreté qui touche 8,5 millions de Français, dont 2 millions d’enfants de moins de 15 ans. Aux 7 présidents des groupes de travail (famille,emploi, accès aux droits et aux minima, surendettement, logement, gouvernance des politiques sociales, santé), il demande de répondre aux « enjeux de la solidarité » en insistant sur la nécessité d’une intervention sociale de qualité et d’une approche spécifique des personnes les plus vulnérables. Les experts présentent leurs conclusions devant les 11 ministres concernés ce lundi. Le Premier ministre dévoilera les grands axes du plan gouvernemental pluriannuel de lutte contre la pauvreté demain.
Le groupe de travail consacré à la santé, présidé par Michel Legros, vice-président du conseil des formations de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et membre de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES), est composé d’une quinzaine d’acteurs de la protection sociale, des organisations non-gouvernementales, des associations de patients, et de médecins. Dans sa lettre de mission, Marisol Touraine détermine 4 priorités : le renforcement de la lisibilité des dispositifs pour les publics les plus démunis, la réduction des freins financiers à l’accès aux soins, et la lutte contre les inégalités territoriales et sociales, dès l’enfance.
Service public local.
Pour favoriser l’accès à la santé, les experts préconisent « la reconnaissance d’un service public local » pour tous. Rien de nouveau dans les faits, mais « une remise à niveau de l’ensemble des dispositifs (de première ligne) dont les forces ont été trop amoindries dans la dernière décennie ». Concrètement, les acteurs de premiers recours, médecins libéraux, centres et maisons de santé, réseaux de soins sont incités à appliquer le tiers payant et des « tarifs de responsabilité », en contrepartie de financements dédiés à l’exercice de certaines missions. Les autres dispositifs comme les ateliers santé ville, les permanences d’accès aux soins (PASS) - y compris dentaires -, les services de PMI, de santé scolaire, de médecine du travail, ou encore les « passerelles » (lits d’accueil médicalisés, lits haltes soins-santé) sont amenés à se développer et à travailler en réseau. Les experts recommandent l’identification dans chaque vile d’une filière de soins sans débours, comprenant un laboratoire, un plateau de radiologie, et une pharmacie. « Autant que d’une remise à niveau, il importe d’aider les acteurs à construire ou à reconstruire des synergies à l’échelle des territoires dans lesquels ils sont engagés », lit-on.
Abandon ou réforme de l’AME.
Un autre volet concerne l’amélioration de l’accessibilité financière au système de soins. En 2008, 16,5 % de la population déclarait renoncer à certains soins pour des questions d’argent au cours des 12 derniers mois en 2008. Le groupe de travail préconise la diminution du reste à charge, notamment par la suppression des franchises pour les ALD, et l’encadrement des dépassements d’honoraires, l’extension de la couverture maladie universitaire (CMU) et complémentaire (CMU-C), et plus généralement de toutes les complémentaires de qualité, qui devraient être labellisées. Surtout, le rapport accède à une revendication de longue date des associations en proposant de supprimer l’aide médicale d’État (AME), ou a minima, d’en faciliter l’accès.
Les experts listent enfin plusieurs propositions pour mieux accueillir les personnes les plus démunis, comme l’extension de l’interprétariat ou la formation des médecins, mais aussi les représentants d’usagers ou les agents de guichets et d’accueil.
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