Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a réaffirmé l’opposition du gouvernement à toute dépénalisation du cannabis, estimant que la consommation de cette drogue constituait « un très grave problème de santé publique pour la jeunesse ». Dimanche dernier, le ministre de l’Éducation Vincent Peillon avait suscité la polémique en se prononçant en faveur d’un débat sur cette question, se disant inquiet « des trafics illicites de nos banlieues » et du « danger dans lequel vivent nos concitoyens, y compris les enfants des écoles ».
Il n’est pas question de banaliser la consommation du cannabis, répond le Premier ministre.
Une campagne d’information à l’école
« Par contre, il y a une campagne à mener, et d’abord à l’école, contre la consommation excessive parce que c’est dramatique », a estimé Jean-Marc Ayrault. Marisol Touraine, ministre de la Santé, a également exclu toute « tolérance » en matière de consommation de cannabis admettant toutefois qu’« une politique de répression ne peut pas suffire ». De son côté, le ministre de l’Intérieur a indiqué qu’en matière de lutte contre la drogue, « les normes, les règles, les interdits – et c’est ce que le président de la République dit depuis des mois – sont essentiels ». Pour Manuel Valls, « nous sommes dans une société qui doute de l’action, de la parole publique et qui a besoin de repères ». « Ensuite, tous les débats sont possibles sur la manière de prévenir, sur la santé publique, puisqu’il faut évidemment une réponse en matière de santé publique », a-t-il poursuivi.
Favorables à la fin de la prohibition, des responsables d’Europe Écologie Les Verts comme Noël Mamère ont salué le « courage » de Vincent Peillon qui a « eu raison » d’aborder le sujet. En juin dernier, la ministre du Logement Cécile Duflot s’était déjà désolidarisée de la position du gouvernement en plaidant en faveur de la dépénalisation. « Il faut considérer que le cannabis, c’est comme l’alcool et le tabac, même régime : une politique de santé publique et de prévention, notamment vis-à-vis des plus jeunes », avait-elle déclaré.
En France, l’usage, la culture, la vente ou la simple détention de cannabis sont interdits. La peine pour consommation de cannabis peut aller jusqu’à un an d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende.
La nécessité d’un débat
Plusieurs études ont prouvé les effets nocifs du cannabis sur les personnes bien portantes. Selon les Académies de médecine et de pharmacie, « de nombreux cas de schizophrénie diagnostiqués en France sont liés à sa consommation », le principe actif du cannabis, le tétrahydrocannabinol (THC), étant beaucoup plus concentré qu’il y a 40 ans. La France connaît un usage parmi les plus élevés en Europe, notamment parmi les jeunes (39 % des 15-16 ans en 2011, contre 7 à 11 % dans les autres pays). Plusieurs pays européens se sont engagés vers la dépénalisation de la consommation : le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la République tchèque, la Slovénie, l’Estonie, la Lettonie.
Il reste que pour la Fédération Addiction, « l’éducation préventive et l’intervention précoce ont été délaissées pour faire reposer la responsabilité des usages sur les personnes et leurs familles ». « Il faut accepter de réfléchir à une politique qui sortirait de la réponse unique. La complémentarité de réponses, éducatives, thérapeutiques, de réduction des risques et bien sûr de sanction, doit permettre de construire cette politique nouvelle, qui s’impose », revendique la fédération. Celle-ci propose d’ailleurs une « Charte pour une politique des addictions » laquelle a recueilli, à ce jour, plus de 1 500 signatures.
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