Au moins peut-on lui reconnaître la qualité de ses analyses : quand il était prêt, en août 2013, à envoyer l’aéronavale française bombarder les positions de Bachar Al-Assad en Syrie avec l’aide de la force de frappe américaine, le président des États-Unis, Barack Obama qui, de toute évidence, n’était pas enthousiaste, l’a tout simplement laissé tomber sous le prétexte que les Russes proposaient un plan de destruction des armes chimiques de la Syrie. Ce plan a été appliqué et, sur ce point, M. Obama a réussi ce qu’il avait entrepris. Mais Bachar a été réélu à la présidence de son pays dévasté, qui compte 150 000 morts et deux millions d’exilés. Aujourd’hui, le chef de l’État serait en droit de dire que, si la France et les États-Unis avaient soutenu les dissidents syriens, l’État islamique (EI) n’aurait peut-être pas vu le jour et n’aurait pas envahi l’Irak pour y commettre d’indescriptibles atrocités.
La question essentielle que pose l’EI porte sur le bien-fondé des interventions militaires : elles ne peuvent avoir lieu que si les pays soucieux de défendre les opprimés ou d’éradiquer la barbarie ont une force infiniment supérieure à celle des groupes qu’ils veulent combattre. Une simple campagne aérienne ne semble pas suffire ; en Libye, par exemple, Kadhafi a été éliminé mais le pays est plongé dans une anarchie telle, que les combattants d’Al Qaïda se sont compieusement servis dans les arsenaux de Kadhafi. Après quoi, ils ont lancé une campagne dans le Sahel africain qui a obligé la France à envoyer des troupes au Mali pour empêcher ce pays pour tomber sous la coupe des djihadistes. Rien n’est simple et conclure qu’il ne faut jamais intervenir ou qu’il faut toujours intervenir serait erroné. M. Hollande, d’ailleurs, s’efforce, en chaque circonstance, d’adapter la riposte française à l’enjeu géopolitique, après avoir mesuré la menace qui pèse sur les intérêts de notre pays. En Syrie, il semblait bien qu’il existait une force laïque et démocratique que les Occidentaux auraient dû soutenir. Ils ne l’ont pas fait parce qu’ils craignaient que les armes qu’ils leur auraient livrées risquaient de tomber aux mains de mouvements fanatiques. Mais cette prudence n’a pas empêché l’EI de conquérir une partie de la Syrie et de l’Irak pour y établir son califat. Et le monde désormais, même l’Allemagne, livre désormais des armes aux peshmergas kurdes, seuls capables de refouler l’État islamique.
Le cas de l’Ukraine.
En Ukraine, les Européens sont confrontés à un dilemme encore plus grave, parce qu’une guerre se déroule aux frontières de leur Union. Les Ukrainiens, qui se battent maintenant contre l’armée russe, perdent du terrain. Vladimir Poutine, qui a déjà conquis la Crimée, veut maintenant créer un mini-État pro-russe à l’est de l’Ukraine, conformément à la méthode qu’il a appliquée à la Géorgie, amputée par Moscou de deux territoires. La crise ukrainienne est d’une très grande gravité car elle risque à tout instant de confronter les Russes à des forces occidentales. Le plus vraisemblable est que Poutine aura le dernier mot, sans qu’un seul soldat européen soit envoyé sur place. Une telle issue affaiblirait l’Europe durablement, lui ferait perdre toute crédibilité et laisserait l’OTAN en tête-à-tête avec l’armée russe. Une entrée en guerre des Européens est inimaginable, mais le lâchage de l’Ukraine aurait des conséquences très graves pour l’UE. Parmi ses États membres figurent ceux qui ont des frontières avec la Russie et qui risquent de tomber un à un comme des dominos si Poutine continue à s’en prendre à eux. Ces pays-là se tourneront alors vers les États-Unis, où ils ne sont pas sûrs pour autant d’y trouver une aide substantielle.
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