Pour la première fois, l'Établissement français du sang (EFS) lance une campagne de sensibilisation aux sangs rares, du 15 novembre au 21 novembre. Si la classification traditionnelle (ABO, rhésus positif ou négatif) compte huit groupes (A+, A-, B+, B-, AB+, AB-, O+, O-), qui couvrent 98 % des besoins en transfusion, la réalité est beaucoup plus diverse. En fait 380 phénotypes sont recensés, dont 250 considérés comme rares et répertoriés selon d'autres modes de classement.
700 000 à 1 million de personnes concernées
Les groupes rares « se définissent par leur fréquence, inférieure à 0,4 % dans la population générale », explique au « Quotidien » le Pr Jacques Chiaroni, responsable de l'EFS PACA-Corse. La France compterait 700 000 à 1 million de personnes porteuses d'un groupe rare, majoritairement originaires du continent africain, de l’océan Indien et des Caraïbes. « La population africaine étant la plus ancienne, elle a eu le temps d’accumuler une grande diversité génétique », poursuit le Pr Chiaroni. Mais seulement 10 à 15 % des personnes concernées le sauraient. Sans oublier que la notion de sang rare est relative dans un contexte de globalisation : « le rhésus négatif auquel j'appartiens est présent aux environs de 15 % en Europe, mais il est rare en Chine, où je risquerais d'être intransfusable », illustre le Pr Chiaroni.
Découvrir une appartenance à un phénotype rare suppose des analyses approfondies portant sur des caractéristiques génétiques fines, ce qui arrive parfois lors d'un bilan avant transfusion ou d'une campagne de dépistage dans le cadre d'un don de sang. Lorsqu'un sujet est repéré, la fratrie (non les parents) est approchée, car elle a une chance sur quatre de partager le même groupe sanguin.
Enjeu pour la transfusion
L'EFS insiste sur l'importance d'avoir une diversité de donneurs, afin de pouvoir répondre aux besoins lors de transfusion. « Ces personnes doivent recevoir un sang le plus proche possible du leur. Quel que soit notre groupe, un sang incompatible rend a minima la transfusion inefficace, voire au pire peut tuer », rappelle le Pr Chiaroni.
L'enjeu est notamment crucial pour les patients atteints de thalassémie ou de drépanocytose (cette dernière maladie touchant 20 000 personnes en France, dont 500 nouveau-nés chaque année), en majorité d'origine africaine ou caribéenne, qui doivent être transfusés régulièrement.
Ces sangs rares peuvent être conservés (congelés) dans une banque dédiée, sise à Créteil, d'où peuvent partir des poches dans toute la France (y compris outre-mer), pour répondre à des besoins évalués en réunion pluri-professionnelle. « Cette banque a une grande diversité de phénotypes rares congelés, il nous arrive de dépasser certains pays. Mais il y a quelques mois, nous avons dû importer des États-Unis du sang pour un enfant nécessitant une greffe de moelle », indique le Pr Chiaroni.
« Les médecins peuvent contribuer à sensibiliser de manière générale les patients au don du sang et ils peuvent être les relais de l'Établissement français du sang, à l'égard d'un patient concerné par un phénotype rare », conclut-il.
Globalement, 10 000 dons de sang sont nécessaires chaque jour pour couvrir les besoins. Une démarche qui doit être renouvelée puisque la durée de vie des produits sanguins est de 7 jours pour les plaquettes, 42 jours pour les globules rouges. Pour rappel, un passe sanitaire n'est pas obligatoire pour donner son sang. Les personnes ayant présenté des symptômes de Covid doivent attendre 14 jours après leur disparition pour se présenter. Pour savoir où donner, rendez-vous sur dondesang.efs.sante.fr ou sur l’appli Don de sang.
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