L'épidémie de Zika, décrétée « urgence de santé publique de portée mondiale » par l'Organisation Mondiale de la santé (OMS) en février 2016, a fait peser une lourde menace sur le maintien de l'événement au Brésil, premier pays touché dès mai 2015. Hésitante alors, l'OMS, elle-même, avait évoqué cet hiver la possibilité d'annuler la manifestation.
Le monde entier a eu peur que ce virus Zika, pas si bénin qu'imaginé et transmissible non plus seulement par les piqûres de moustique tigre mais aussi par voie sexuelle, ne s'étende à l'ensemble de la planète. L'épidémie d'une ampleur sans précédent dans 60 pays, dont 39 de la région des Amériques, s'est accompagnée d'une explosion inédite de microcéphalies et de malformations congénitales cérébrales chez les femmes enceintes, mais aussi de formes neurologiques rares mais graves.
sDes experts internationaux inquiets
En mai, près de 150 d'experts d'une dizaine de pays, hormis la France - des professeurs de médecine, bioéthiciens, scientifiques - sous l'impulsion en particulier du Pr Amir Attaran de l'université d'Ottawa et du Pr Arthur Caplan, de l'université de New-York, ont adressé une lettre ouverte, à la directrice de l'OMS, Margaret Chan.
« On fait courir un risque inutile, quand 500 000 touristes étrangers de tous les pays viennent assister aux JO, peuvent potentiellement être infectés par le virus et revenir chez eux, où l'infection peut alors devenir endémique », ont-ils fait valoir.
Les responsables du Comité olympique n'ont jamais eu aucune intention de reporter l'événement, comme l'a confirmé le responsable médical des JO le Dr Richard Budgett. Fin mai, l'OMS a fini par trancher : « L'annulation ou le changement de lieu des JO de 2016 n'aura pas d'incidence sur la propagation internationale du virus. (...) Aucune considération de santé publique ne justifie de reporter ou d'annuler les Jeux. ».
Un risque négligeable de Zika importé
Comme le détaillent dans un rapport présenté le 13 juillet les Centres fédéraux américains de prévention et de contrôle des maladies (CDC) au sujet des 350 000 à 500 000 visiteurs attendus pour les JO : « Le volume de trajets pour les jeux représente une toute petite fraction (< 0,25 %) du volume total estimé de trajets vers des pays affectés par le Zika, ce qui souligne le caractère très improbable d'une importation de Zika uniquement attribuable aux trajets liés aux Jeux. »
« Compte-tenu du trafic international au Brésil toute l'année, les JO ne rajoutent pas grand-chose, explique le Pr Arnaud Fontanet, responsable du laboratoire Épidémiologie des maladies émergentes à l'Institut Pasteur. Il n'y a pas de restriction le reste de l'année, on ne comprend pas bien pourquoi il y en aurait pour les Jeux. »
Un point épidémiologique rassurant
Ce n'est pas le seul argument épidémiologique plaidant pour le maintien des JO. « L'épidémie de Zika commence déjà à fléchir au Brésil, poursuit Arnaud Fontanet. C'est la période hivernale et comme attendu, les températures baissent, ce qui limitent le risque de propagation. De plus, les JO se tiennent à Rio, où le risque est moindre que dans la province du Nord-Est du pays ». Autre argument, l'expérience de la coupe du monde de football en 2014, qui avait été marquée par la crainte de la dengue et qui au final « ne s'est pas disséminée au monde entier », rappelle l'épidémiologiste.
Pour autant, cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de cas d'importation du Zika. « Tous les pays (participant aux JO) sont à risque d'importation du virus Zika », estiment les CDC américains. « Il est même possible que quelques cas de transmission autochtones soient décrits au retour de voyageurs infectés, explique le Pr Fontanet. Par exemple, dans le sud de la France, il y a du moustique tigre Aedes albopictus. Même s'il est moins compétent qu'Aedes aegypti, il peut transmettre le Zika ».
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