CERTES, l’implacable dictateur a tiré un bénéfice considérable du soutien que la Russie de Poutine lui a apporté sans l’ombre d’une hésitation, en refusant toute résolution du Conseil de sécurité et en négligeant les conséquences, désastreuses sur le plan humanitaire, de son entêtement désespéré. Son bilan, de quelque 9 000 morts, sans compter les innombrables blessés, les tortures, les emprisonnements, les destructions, l’affaiblissement de la Syrie, réduite à un champ de ruines, au moins dans plusieurs villes, est à la fois épouvantable et, si l’on ose dire, positif pour lui. Il est encore là, alors que tout le monde dit : la question n’est pas de savoir s’il doit partir, mais quand.
Un débat irréel.
Quand ? Si Moscou continue à penser que Bachar Al-Assad protège ses intérêts, sa base navale à Lattaquié, unique accès de la Russie à la Méditerranée, et si les Russes attendent le renoncement des Occidentaux à installer des missiles antimissiles en Europe, c’est peut-être jamais. Nous ne pouvons, pour notre part, exiger que la révolution syrienne se poursuive jusqu’au dernier Syrien. Le tyran doit partir, mais, en attendant, il n’est pas impossible que le soulèvement soit laminé par les chenilles des chars syriens. Nous ne sommes pas en mesure d’ignorer l’hypothèse d’une victoire, militaire, sinon morale, de Bachar Al-Assad, dès lors que la répression apporte chaque jour son cortège de massacres, que la Ligue arabe a administré la preuve de son impuissance et que le Conseil de sécurité de l’ONU reste bloqué par les vetos de la Russie et de la Chine.
TANT QUE LA RUSSIE LE SOUTIENDRA, BACHAR RESTERA INDESTRUCTIBLE
L’autre jour, nous assistions, dans l’émission d’Yves Calvi sur la « Cinq », à un débat irréel entre ceux qui croient qu’il s’agit d’une guerre civile et ceux qui n’y croient pas, et ceux qui parlent d’un génocide face à ceux qui mentionnent plutôt un crime contre l’humanité. Cette polémique sémantique semble bien dérisoire au regard des enjeux humains, mais aussi géopolitiques. Ce qui se passe en Syrie relève du printemps arabe, c’est-à-dire de la propagation en Syrie d’un mouvement qui a affecté la Tunise, la Libye, l’Égypte, Bahrein et, à degré moindre, le Maroc, lequel a su parer au plus pressé en procédant à de profondes réformes. Rien n’empêchait El-Assad de suivre l’exemple marocain : il avait le choix entre l’humanisme et la monstruosité, il a préféré la seconde, pour la simple raison qu’il voit dans toute concession le déclin inéluctable de son pouvoir. C’est ainsi que fonctionne la mécanique intellectuelle des despotes, jamais contraints par les événements à sacrifier leur peuple à leurs privilèges, mais convaincus que l’autorité qui fléchit est condamnée à terme.
Les opinions publiques observent le massacre en posant des questions pertinentes mais, à ce jour, restées sans réponses. Pourquoi ce qui a été possible pour la Libye ne l’est pas en Syrie ? Sans doute parce que la situation géographique de la Syrie en fait un baril de poudre incontrôlable ; et que l’intervention militaire contre Kadhafi a épouvanté le Kremlin, qui craint par dessus tout un monde unipolaire prêt à jeter aux orties les intérêts de la Russie. Les Russes ne cessent de répéter qu’ils ne laisseront pas les Américains refaire en Syrie le « coup » de la Libye, sans percevoir une réalité : il n’est ni facile ni rentable de monter une opération internationale contre une dictature. La meilleure preuve en est fournie par la situation actuelle en Libye, qui n’est pas rose, avec la montée du tribalisme, de l’islamisme et de l’anarchie.
D’ailleurs, la France et les États-Unis ont exclu toute intervention militaire en Syrie. Ils demandent seulement une résolution des Nations unies condamnant Bachar Al-Assad pour accroître son isolement, le détruire par l’usure et organiser des couloirs humanitaires. C’est une procédure lente, qui, si elle n’est pas accompagnée d’un cessez-le-feu, laissera le nombre des victimes augmenter chaque jour. Bien entendu, un départ éventuel du dictateur changerait la donne au Proche-Orient, avec un Liban libéré de la menace syrienne, un Iran dont l’influence sera affaiblie au Sud-Liban, et à Damas, un régime peut-être moins intraitable. Il y a loin de la coupe aux lèvres. Pour le moment, Bachar campe sur une montagne de cadavres syriens.
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