Invitée aux « Contrepoints de la santé » ce mardi, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a pris le relais des annonces faites lundi soir par Emmanuel Macron pour apaiser la colère des « gilets jaunes ». Si beaucoup voient un « virage social » dans ces annonces (hausse de la prime d'activité avancée, suppression de la hausse de la CSG pour plus de retraités), la ministre de la Santé, elle, l'assure : le gouvernement a toujours eu cet objectif.
« La demande de hausse du pouvoir d'achat par les gilets jaunes se retrouvait dans le programme de campagne du président de la République, par exemple avec la baisse de la taxe d'habitation. On nous a beaucoup reproché de commencer par des mesures économiques, mais on devait réduire le chômage de longue durée ! Il fallait donc d'abord relancer l'économie », justifie Agnès Buzyn. D'ailleurs, l'impatience des Français sur les questions de pouvoir d'achat a « toujours » été ressentie par Emmanuel Macron, tout comme « la fracture sociale ». « C'est le plus lucide de nous tous, sa préoccupation permanente est d'aller vite, et que les mesures soient ressenties de façon concrète par les citoyens [...]. La fibre sociale est complètement en lui », ajoute l'hématologue.
Défendant aussi sa propre action, Agnès Buzyn rappelle qu'elle a agi dès le début de son entrée en fonction pour « renforcer les solidarités », en aidant les familles monoparentales, les personnes en situation de handicap ou âgées (hausse de l'allocation adulte handicapée, du minimum vieillesse). Surtout, elle a présenté le plan anti-pauvreté en septembre dernier, qui reprend « toutes les demandes des associations concernant les enfants, la formation des jeunes ».
« J'ai travaillé pendant neuf mois sur les territoires avec les acteurs concernés. Cela a pris du temps mais on ne peut pas nous reprocher de ne pas concerter, et après nous dire qu'on ne va pas assez vite », a lancé la ministre, qui a admis avoir « beaucoup de mal à faire exister les mesures sociales » parfois trop techniques. « Les Français veulent des mesures simples, comme la hausse du SMIC, demandée sur les ronds-points depuis un mois », concède-t-elle.
Pas de fermeture d'hôpital de proximité
Ces demandes simples mais urgentes concernent aussi la santé et l'accès aux soins. « J'ai pris part lundi à la consultation des corps intermédiaires et des élus avec le président. Dans le ras-le-bol des Français, le sentiment d'abandon de la ruralité, on entend des gilets jaunes et de leurs représentants dire qu'il n'y a plus de médecins. Donc, il y a une urgence absolue à réformer le système de santé ! », martèle la locataire de Ségur.
Pas question pour autant de céder aux sirènes de la coercition. « Je la refuse pour les médecins, car cela ferait payer les jeunes pour les autres, ce n'est pas juste [...]. Pour l'instant je lutte, mais dans tous les bords de l'Assemblée nationale, du Sénat, je n'entends plus que ça ! », avoue Agnès Buzyn.
Au contraire, pour y répondre, la ministre mise sur la proximité, qui se retrouve dans le plan « Ma santé 2022 », dévoilé à la mi-septembre. Cela passe par les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) – « sursaut citoyen demandé aux professionnels de santé » – mais aussi par le déploiement des infirmières en pratique avancée (IPA) pour le suivi des maladies chroniques et les hôpitaux de proximité.
« Mon engagement est de n'en fermer aucun [sur les 250 existants, dont deux tiers d'ex-hôpitaux locaux, NDLR], insiste l'ancienne présidente de la Haute Autorité de santé. Dans les déserts médicaux, il ne faut pas en plus que les gens voient leur hôpital de proximité fermer par manque d'attractivité. Mais il faut les recentrer sur des missions de proximité, et qu'on arrête de laisser penser qu'il y aura des plateaux techniques de haute technicité partout ! », prévient-elle.
Repenser la tarification à l'activité
Il faut donc remettre « de la proximité partout », afin de répondre aux enjeux de la gériatrie, des soins de suite, de la médecine polyvalente, avec un plateau technique « minimal » (radiologie, scanner, biologie mais pas de chirurgie) dans ces hôpitaux – 500 à 600 à terme labellisés. La médecine libérale pourra également mettre un pied dans ces « petits » hôpitaux rendus plus attractifs. Pour faire rimer qualité et proximité, la ministre rappelle que des seuils d'activité pourront être mis en place, dans les disciplines où le bénéfice est prouvé, comme la cancérologie.
De manière générale, il faut repenser les modes de tarification des hôpitaux, plaide Agnès Buzyn, car certains ont besoin de la tarification à l'activité (T2A) mais d'autres ont des spécificités (territoriales ou non), comme la prise en charge de la toxicomanie dans les DOM (Saint-Martin), qui doivent être « valorisées ».
Pour mettre en place rapidement ces différentes mesures, « la loi santé doit être votée le plus vite possible », conclut Agnès Buzyn. C'est prévu au premier trimestre 2019.
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation
Manger du poisson ralentit la progression de la sclérose en plaques